dimanche 28 mai 2017

3 Conseils pour réussir son oral de français.

3 Conseils pour réussir son oral de français.



https://www.youtube.com/watch?v=N0qcqqCEdxs


Pour résumer :
1) Réponds à la problématique
2) Sers-toi des axes mais en rajoutant quelques mots pour les adapter à la problématique
3) Parle au moins 8 à 10 min.
4) Apprends : registre, mouvement littéraire, biographie de l'auteur, etc.
5) A la fin de l'exposé, suggère un lien avec un autre texte que tu connais bien (lecture complémentaire). Ainsi dans la deuxième partie, l'examinateur pourrait t'interroger dessus. BINGO, c'est gagné !

1re page du descriptif EAF 2017

Lycée Gaston Monnerville





Année scolaire 2016/2017



120e anniversaire de la naissance de Gaston Monnerville





https://drive.google.com/file/d/0B4OSt_hVPMKcTmZQczdSVElPRkE/view?usp=sharing

eaf 2E PAGE



Épreuves anticipées de français, année 2017


Établissement : Lycée Gaston Monnerville à Kourou
Série et classe : 1re STMG
Nom du candidat :
Manuel en usage dans la classe : Empreintes littéraires 1re STMG
Nombre de textes : 12





Descriptif arrêté le 30 mai 2017




Le proviseur du lycée Gaston Monnerville
M.Czyba





Eric Duhamel, professeur de français

3e séquence : illustration des Ames fortes



Jean-Baptiste Piranèse, Planche VII des Prisons, dite « Le Pont-levis »,Les Prisons imaginaires
1761 .
Cette estampe fait penser à la description que Thérèse fait de l'auberge de Châtillon :
« C'était une très grande auberge. Il y avait dix écuries à la file. On s'y perdait »

« Il y avait de tout dans cette auberge : deux, quatre, cinq, six salles, même huit salles où l'on mangeait, buvait, jouait au billard. Tu descendais deux ou trois marches et tu entrais dans un petit couloir. […] Au milieu s'ouvraient de petites portes et par ces portes , alors tu entrais dans les salons. »sio

mardi 23 mai 2017

RONSARD "Une beauté de quinze ans enfantine", Ecriture poétique et quête du sens du Moyen Age à nos jours

RONSARD  "Une beauté de quinze ans enfantine", Ecriture poétique et quête du sens du Moyen Age à nos jours.


Une beauté de quinze ans enfantine, *
Un or frisé de maint crêpe(1) anelet(2),(3)
Un front de rose, un teint damoiselet(4),
Un ris(5) qui l’âme aux Astres achemine ;
Une vertu de telles beautés digne,
Un col(6)de neige, une gorge de lait,
Un coeur jà mûr (7) en un sein verdelet(8),
En Dame humaine une beauté divine ;
Un oeil puissant de faire jours les nuits,
Une main douce à forcer les ennuis(9), **
Qui tient ma vie en ses doigts enfermée
Avec un chant découpé(10) doucement***
Ore (11) d’un ris, or’ d’un gémissement,
De tels sorciers ma raison fut charmée.

Pierre de RONSARD, «  Une beauté de quinze ans enfantine »,  XVIII , Premier livre des Amours (1584/1587)

Variantes :
*1552 : « Un chaste feu qui les cœurs illumine » 1578 : « Une beauté qui dans les cœurs domine »
** 1552 : « Une main douce à forcer les ennuis »
*** 1552 : « offensé doucement »

Problématiques possibles :

-En quoi le portrait physique rejoint-il le portrait moral ?
-En quoi ce sonnet est-il un éloge de la beauté ?
-En quoi cette beauté est-elle un idéal ?

A connaître pour l'analyse de ce sonnet :

-Le décasyllabe est un vers de 10 syllabes appelé aussi "vers héroïque"

- Une seule phrase pour tout le sonnet
- Une synecdoque : on isole une partie du corps (cheveux, visage, main) pour parler de l'attrait général de la personne aimée. cette partie frappe alors tellement fort l'esprit qu'on semble n'y voir pour l'instant qu'elle seule.
- l'asyndète : absence de liaison entre propositions
- L'inspiratrice de ce sonnet est Cassandre de Salviati que Ronsard rencontre le 21 avril 1545 à un bal à la cour à Blois. Ronsard est alors un clerc tonsuré et ne peut se marier avec elle. Cassandre se marie finalement avec Jehan de Peigné le 23 novembre 1546.
- Le pétrarquisme vient du poète Pétrarque, poète italien (1304-1374). Qu'est-ce que le pétrarquisme ? Il définit un certain type de poésie amoureuse :
*Une forme poétique : le sonnet est consacré par Pétrarque. 
* L'amant est en quelque sorte le vassal de sa maîtresse (=celle qui est maîtresse de ses sentiments) Les sentiments sont exaltés et se traduisent par un style élevé (vocabulaire choisi et syntaxe). Il n'y a pas forcément un retour d'amour vers l'amant. 
* Un certain nombre de figures de style :
   -les synecdoques : isoler une partie pour représenter le tout
   - l'allégorie : exemple la barque qui représente l'errance
   - l'hyperbole : exagération, très fréquente chez Ronsard : "Un oeil puissant de faire jours les nuits,

Plan du commentaire :

1re partie : Un portrait humain : a) les canons de la beauté
                                                       b) quand le portrait physique rejoint le portrait moral
2e partie : Un portrait idéal  a) des pouvoirs surnaturels
                                               b) presque inquiétants 

Le texte théâtral et sa représentation du XVIIe siècle à nos jours

Le texte théâtral et sa représentation du XVIIe siècle à nos jours


"Contentons-nous de dire que le théâtre comme la vie est un songe, sans trop nous soucier du mensonge" Jean-Louis Barrault

Le théâtre, c'est la mise en scène de la parole.

Corpus : les deux questions sur le corpus (classes technologiques)

Corpus : les deux questions sur le corpus 

(classes technologiques)


Les deux questions sur le corpus permettent de vérifier l'aptitude du candidat à lire et analyser les textes pour en dégager les significations : elles conduisent à examiner les points communs et les points divergents des textes.

1) La Méthode :

a) Lire attentivement les deux questions
b) Construire un tableau qui insère les questions et qui permettra facilement de comparer les documents :
textes
A
B
C
D
AUTEURS Marivaux Antonin Artaud Shakespeare Paul Claudel
TITRES Les Acteurs de bonne foi Le Théâtre et son double Le songe d'une nuit d'été L'Echange
GENRE Théâtre Essais Théâtre Théâtre
DATE 1757 1938 1595 1901
spectateurs Le théâtre dans le théâtre
« j'allons jouer »
« asseyez-vous là, vous autre »
(Colette et Blaise s'asseyent comme spectateurs d'une scène dont ils ne sont pas.)
« entre la vie et le théâtre plus de coupure nette, plus de solution de continuité » « un somme » « visions » « mouches »
« comme s'ils dormaient »
« de la chair vivante et habillée »
« le caissier »
« la mère adultère »
« celui qui vient de voler »
Commentaires
mélioratif
mélioratif
mélioratif
péjoratif


Des quatre textes seul L'Echange présente une image négative du spectateur
illusion Les comédiens jouent des personnages qui leur ressemblent, qui sont calqués sur eux-mêmes. Donc il est très facile de confondre personnage et comédien L'illusion est créée par « un bain constant de lumière, d'images, de mouvements et de bruits » Le spectateur doit être actif pour que l'illusion fonctionne. Il doit se « figure(r) » . Les comédiens sont des « menteur(s) ». L'illusion ne marche que pour l'oreille et les yeux. Mais l'esprit seul connaît la vérité.

 2) La rédaction :

4 parties : Introduction
                 1re question 
                 2e question
                 Conclusion

A) l'introduction :

Plusieurs phrases possibles pour commencer :
Il est indispensable de présenter les textes avant de pouvoir dire "ce corpus".
Les premiers mots de la réponse peuvent être, par exemple :
 Le corpus qui est proposé à notre réflexion comprend…
 Le corpus qui nous est proposé comprend…
 Le corpus qu'il s'agit d'étudier se compose de…

 Le corpus proposé à notre étude réunit…
Le corpus soumis à notre étude est composé de ...
Les quatre extraits de roman / de pièces de théâtre proposés à notre analyse mettent en évidence ....
Notre corpus comprend quatre poèmes d'amplitude diachronique importante. En effet le premier poème soumis à notre analyse date du Moyen Age ....
Le corpus proposé se compose de trois extraits de textes théâtraux En effet, il illustre
l’objet d’étude : « Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIe  siècle à nos jours ».

Le corpus se compose de deux poèmes d’époques très éloignées. Ils illustrent
tous deux l’objet d’étude : « Écriture poétique et quête du sens du Moyen Âge à nos
jours ».  Le premier texte est "................"

Le corpus qu'il m'est proposé d'analyser est composé de quatre textes narratifs (=extraits de roman)

Le corpus proposé traite de l’objet d’étude : « La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe  siècle à nos jours ». Il est constitué de quatre textes d’époques différentes. Il n'a pas d'unité générique puisqu'il est constitué d'un poème...........................d'un extrait de roman ..................................  et d'un essais...........................


Dans l'introduction, vous devez donner des informations sur le genre des textes, l'époque et surtout justifier leur regroupement ( pourquoi les a-t-on choisis ?)

Très important : la problématique : intégrer les deux questions dans la problématique.
Exemple d'intégration réussie :

Après avoir lu attentivement les documents du corpus, vous répondrez aux questions suivantes, de façon organisée et synthétique (6 points)
Question 1 :
Quelles qualités humaines sont valorisées dans ce corpus ?
Question 2 :
Quelles réactions ces textes cherchent-ils à susciter chez le lecteur ?

Problématique :
En quoi les qualités humaines évoquées dans ces extraits suscitent-elles des réactions chez le lecteur ?

B) Première question :

La première question porte généralement sur les points communs des textes (mais pas toujours). Toujours commencer par l'idée directrice de la question en reprenant les mots clés de la question posée. Rédiger soigneusement (sujet + verbe + complément). Faire au moins deux paragraphes marqués par un retour à la ligne et un alinéa. Les paragraphes se succèdent logiquement grâce à ces mots de liaison : d’abord… ensuite… enfin… ; en outre, de même, en effet, mais, cependant…
Dernière chose : n'oubliez pas de faire des citations. Pas trop, mais un peu. Tous les textes sont traités dans cette partie.

C) Deuxième question :

mêmes remarques que pour la première question. Dans la deuxième question sont généralement traitées les différences entre les documents. 

D) Conclusion : 

Très brève qui fait un bilan des deux questions.
Phrases à utiliser pour commencer une introduction :

En définitive ...
Ainsi, ce corpus révèle… 
Ainsi, ce corpus témoigne de…  
Ainsi ces textes mettent  au jour ....

lundi 22 mai 2017

Anthologie La mort en poésie page de garde

Présentation :

Nous avons fait le choix de douze poèmes qui racontent la mort et ses conséquences. Nous lirons des poètes qui racontent leur propre mort comme le poète palestinien Mahmoud Darwich ou comme Blaise Cendrars, le poète suisse qui imagine sa propre épitaphe. Nous verrons que la mort d'un être crée des souffrances démesurées comme celle d'Anatole, le fils de Mallarmé, poète français de la deuxième moitié du XIXe siècle, ou bien celle de Marceline Desbordes-Valmore, poètesse française du début du XIXe siècle qui souhaite rejoindre sa sœur trop tôt disparue ou bien encore celle du mousse narrée par Tristan Corbière, poète breton, qui a perdu son père disparu en mer et qui a choisi de le remplacer. Mais avait-il le choix ? Nous continuerons cette triste litanie par les souffrances d'un poète chinois, l'empereur Wou deux cents ans avant notre ère, souffrance devant la disparition d'une jeune personne ; C'est encore Hugo qui entame la liste des ses morts chéris pour terminer par celle de Léopoldine. C'est encore Apollinaire qui envoie un message, un rendez-vous par-delà la mort. C'est encore Hérédia, poète parnassien, qui fait parler, véritable prosopopée, une jeune morte. Enfin c'est Shakespeare qui promet l'immortalité grâce à sa poèsie.

Nous voyons donc que ces poètes de diverses nationalités et de divers siècles nous parlent de la mort avec les mêmes sentiments. Les sentiments des humains sont les mêmes, entre exorcisme, plainte ou consolation par l'art. 

dimanche 21 mai 2017

BAC BLANC THEATRE DU SAMEDI 20 MAI 2017

BAC BLANC THEATRE DU SAMEDI 20 MAI 2017


Document A
Merlin, valet de chambre et amant de Lisette, prépare en secret avec d’autres domestiques une courte pièce pour divertir ses maîtres. Dans l’intrigue qu’il a ébauchée, il fait semblant d’aimer Colette, l’amante de Blaise.

Scène II – LISETTE, COLETTE, BLAISE, MERLIN.
MERLIN. Allons, mes enfants, je vous attendais ; montrez-moi un petit échantillon de votre savoir faire, et tâchons de gagner notre argent le mieux que nous pourrons ; répétons.
LISETTE. Ce que j'aime de ta comédie, c'est que nous nous la donnerons à nous-mêmes ; car je pense que nous allons tenir de jolis propos.
MERLIN. De très jolis propos ; car, dans le plan de ma pièce, vous ne sortez point de caractère, vous autres ; toi, tu joues une maligne soubrette à qui l'on n'en fait point accroire, et te voilà ; Blaise a l'air d'un nigaud pris sans vert, et il en fait le rôle; une petite coquette de village et Colette, c'est la même chose ; un joli homme et moi, c'est tout un. Un joli homme est inconstant, une coquette n'est pas fidèle : Colette trahit Blaise, je néglige ta flamme. Blaise est un sot qui en pleure, tu es une diablesse qui t'en mets en fureur; et voilà ma pièce. […]
BLAISE. Oui ; mais si ce que j'allons jouer allait être vrai ! Prenez garde, au moins ; il ne faut pas du tout de bon ; car j'aime Colette, dame !
MERLIN. À merveille ! Blaise. Je te demande ce ton de nigaud-là dans la pièce.
LISETTE. Écoutez, Monsieur le joli homme, il a raison ; que ceci ne passe point la raillerie ; car je ne suis pas endurante, je vous en avertis.
MERLIN. Fort bien, Lisette ! Il y a un aigre-doux dans ce ton-là qu'il faut conserver.
COLETTE. Allez, allez, Mademoiselle Lisette ; il n'y a rien à appriander pour vous; car vous êtes plus jolie que moi; Monsieur Merlin le sait bien.
MERLIN. Courage, friponne; vous y êtes, c'est dans ce goût-là qu'il faut jouer votre rôle. Allons, commençons à répéter.
LISETTE. C'est à nous deux à commencer, je crois.
MERLIN. Oui nous sommes la première scène ; asseyez-vous là, vous autres; et nous, débutons. Tu es au fait, Lisette. (Colette et Blaise s'asseyent comme spectateurs d'une scène dont ils ne sont pas.) Tu arrives sur le théâtre, et tu me trouves rêveur et distrait. Recule-toi un peu, pour me laisse prendre ma contenance.
                                           Marivaux, Les Acteurs de bonne foi, scènes I à III, 1757.

Document B
Antonin Artaud, dramaturge et critique théâtral, explique dans cet essai ce que serait pour lui le théâtre idéal.

Le spectacle, ainsi composé, ainsi construit, s'étendra, par suppression de la scène, à la salle entière du théâtre et, parti du sol, il gagnera les murailles sur de légères passerelles, enveloppera matériellement le spectateur, le maintiendra dans un bain constant de lumière, d'images, de mouvements et de bruits. Le décor sera constitué par les personnages eux-mêmes, grandis à la taille de mannequins gigantesques, par des paysages de lumières mouvantes jouant sur des objets et des masques en perpétuel déplacement. Et, de même qu'il n'y aura pas de place inoccupée dans l'espace, il n'y aura pas de répit, ni de place vide dans l'esprit ou la sensibilité du spectateur. C'est-à-dire qu'entre la vie et le théâtre, on ne trouvera plus de coupure nette, plus de solution de continuité. 

                                                                Antonin Artaud, Le Théâtre et son double, 1938, Gallimard.


Document C
Voici les dernières lignes d'une comédie où l'un des personnages, Puck, s'adresse directement aux spectateurs.

PUCK, aux spectateurs. - Ombres que nous sommes, si nous avons déplu, figurez-vous seulement (et tout sera réparé) que vous n'avez fait qu’un somme, pendant que ces visions vous apparaissaient. Ce thème faible et vain, qui ne contient pas plus qu'un songe, gentils spectateurs, ne le condamnez pas ; nous ferons mieux, si vous pardonnez. Oui,foi d'honnête Puck, si nous avons la chance imméritée d'échapper aujourd'hui au sifflet du serpent, nous ferons mieux avant longtemps, ou tenez Puck pour un menteur. Sur ce, bonsoir, vous tous. Battez des mains, si nous sommes amis,
et Robin réparera ses torts. (Sort Puck.) 

                                                                                        Shakespeare, Le Songe d'une nuit d'été, 1595.
1 Pris sans vert = pris au dépourvu
2 Appriander : forme populaire pour « appréhender »
3 Robin : un des personnages de la pièce

Document D
Les personnages présents sont Marthe, une épouse qui est l’image de la soumission aux lois de la famille et de la religion, Lechy Elbernon, une actrice émancipée qui représente la femme séduisante et son mari, Thomas Pollock Nageoire, un homme d’affaires entreprenant et avisé, actif et sérieux.

LECHY ELBERNON
Moi je connais le monde. J'ai été partout. Je suis actrice, vous savez.
Je joue sur le théâtre.
Le théâtre. Vous ne savez pas ce que c'est ?

MARTHE
Non.

LECHY ELBERNON
Il y a la scène et la salle.
Tout étant clos, les gens viennent là le soir et ils sont assis par rangées les uns derrière les autres, regardant.

MARTHE
Quoi ? Qu'est-ce qu'ils regardent puisque tout est fermé ?

LECHY ELBERNON
Ils regardent le rideau de la scène.
Et ce qu'il y a derrière quand il est levé.
Et il arrive quelque chose sur la scène comme si c'était vrai.

MARTHE
Mais puisque ce n'est pas vrai ! C'est comme les rêves que l'on fait quand on dort.

LECHY ELBERNON
C'est ainsi qu'ils viennent au théâtre la nuit.

THOMAS POLLOCK NAGEOIRE
Elle a raison. Et quand ce serait vrai encore ? Qu'est-ce que cela me fait ?

LECHY ELBERNON
Je les regarde, et la salle n'est rien que de la chair vivante et habillée.
Et ils garnissent les murs comme des mouches jusqu'au plafond.
Et je vois ces centaines de visages blancs.
L'homme s'ennuie et l'ignorance lui est attachée depuis sa naissance.
Et ne sachant de rien comment cela commence ou finit, c'est pour cela qu'il va au théâtre.
Et il se regarde lui-même, les mains posées sur les genoux.
Et il pleure et il rit, et il n'a point envie de s'en aller.
Et je les regarde aussi et je sais qu'il y a là le caissier qui sait que demain
On vérifiera les livres, et la mère adultère dont l'enfant vient de tomber malade,
Et celui qui vient de voler pour la première fois et celui qui n’a rien fait de tout le jour.
Et ils regardent et écoutent comme s'ils dormaient.

MARTHE
L'oeil est fait pour voir et l'oreille
Pour entendre la vérité.

LECHY ELBERNON
Qu'est-ce que la vérité ? Est-ce qu'elle n'a pas dix-sept enveloppes, comme les oignons ?
Qui voit les choses comme elles sont ? L'oeil certes, voit, l'oreille entend.
Mais l'esprit tout seul connaît. Et c'est pourquoi l'homme veut voir des yeux et connaître des oreilles
Ce qu'il porte dans son esprit, - l'en ayant fait sortir.
Et c'est ainsi que je me montre sur la scène.

MARTHE
Est-ce que vous n'êtes point honteuse ?

LECHY ELBERNON
Je n'ai point honte ! mais je me montre, et je suis toute à tous.
                                                                                    Paul Claudel, L'Échange, 1901, Gallimard.

Corpus :
■Document A : Marivaux, Les Acteurs de bonne foi, 1757.
■Document B : Antonin Artaud, Le Théâtre et son double, 1938.
■Document C : Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, 1595.
■Document D : Paul Claudel, L’Échange, 1901.
Question de corpus (6 points)
1. Relevez dans le corpus les différents mots et expressions qui qualifient le spectateur; commentez-les. (3 points)
2. Analyser comment le travail de l’acteur dans chaque texte aboutit à la création d’une illusion? (3 points)

CORRECTION 

Les questions sur le corpus sont très importantes car elles servent à préparer le commentaire.
Vous devez avoir dans votre réponse quatre parties : l'introduction avec une présentation sommaire des textes, la première partie qui correspond à la première question avec plusieurs paragraphes, c'est la même chose pour la deuxième partie qui est composée de plusieurs paragraphe et pour finir le quatrième bloc pour une conclusion très brève. Attention dans chaque partie tous les documents doivent apparaître et ils sont nommés par le nom de l'auteur ou le titre.

Méthode :
textes
A
B
C
D
AUTEURS Marivaux Antonin Artaud Shakespeare Paul Claudel
TITRES Les Acteurs de bonne foi Le Théâtre et son double Le songe d'une nuit d'été L'Echange
GENRE Théâtre Essais Théâtre Théâtre
DATE 1757 1938 1595 1901
spectateurs Le théâtre dans le théâtre
« j'allons jouer »
« asseyez-vous là, vous autre »
(Colette et Blaise s'asseyent comme spectateurs d'une scène dont ils ne sont pas.)
« entre la vie et le théâtre plus de coupure nette, plus de solution de continuité » « un somme » « visions » « mouches »
« comme s'ils dormaient »
« de la chair vivante et habillée »
« le caissier »
« la mère adultère »
« celui qui vient de voler »
Commentaires
mélioratif
mélioratif
mélioratif
péjoratif


Des quatre textes seul L'Echange présente une image négative du spectateur
illusion Les comédiens jouent des personnages qui leur ressemblent, qui sont calqués sur eux-mêmes. Donc il est très facile de confondre personnage et comédien L'illusion est créée par « un bain constant de lumière, d'images, de mouvements et de bruits » Le spectateur doit être actif pour que l'illusion fonctionne. Il doit se « figure(r) » . Les comédiens sont des « menteur(s) ». L'illusion ne marche que pour l'oreille et les yeux. Mais l'esprit seul connaît la vérité.


Toujours  commencer par une introduction générale présentant le corpus (nombre de textes, auteurs, titres d’oeuvres soulignés et sans guillemets sauf pour les titres de poèmes, siècles, courants littéraires, justification du regroupement des textes, personnages, questions à traiter)
           Le corpus soumis à notre étude se compose de trois extraits de pièces de théâtre et d'un essais sur le théâtre. Ces trois extraits de pièces sont d'époque différentes mais ils traitent tous de la vérité et de l'illusion. Le document A est extrait de Les Acteurs de bonne foi de Marivaux, publié en 1757; le document C est un extrait d'une pièce de Shakespeare, le Songe d'une nuit d'été datant de 1595; le document D est un extrait de L'Echange de Paul Claudel, publié en 1901. Le quatrième document, le document B est extrait d'un essai consacré au théâtre, Le Théâtre et son double, publié par Antonin Artaud en 1938.

rédiger une phrase d’idée directrice en introduction de chaque question en en reprenant les mots-clés

            Les quatre documents du corpus présentent différentes visions du spectateur. cette vision est plutôt positive pour Marivaux qui fait jouer à des comédiens leur propre rôle. Ils sont à la fois public et spectateur comme le montre certaines répliques : "j'allons jouer allait être vrai"  ou "asseyez-vous là, vous autres". Tout aussi positive est la vision donnée par Shakespeare : le spectateur doit être actif, il doit se "figure[r]" n'avoir " fait qu'un somme". Même interprétation pour Artaud pour lequel tout l'espace du spectateur doit être occupé : "pas de place vide". 
            Claudel traite différemment le spectateur de théâtre. Le spectateur est une "mouche", "de la chair vivante et habillée".  Le dramaturge dresse le catalogue du public : "caissier", "mère adultère" et "celui qui vient de voler pour la première fois". Bref, une vision négative du spectateur. Nous voyons donc que les documents proposés nous donnent deux portraits du spectateur : un portrait positif pour Marivaux, Shakespeare et Artaud et tout à fait négatif pour Claudel.(rédiger une conclusion de bilan justifiant l’intérêt de la question)

            Deux documents évoquent le travail de l'acteur pour créer une illusion, l'illusion théâtrale. Dans la pièce de Marivaux, les comédiens endossent leur propre rôle. C'est leur personnalité, ce qu'ils sont dans la vie qui est représenté sur scène. Ainsi Blaise a déjà "l'air d'un nigaud pris sans vert", pour Colette être "une petite coquette de village et Colette, c'est la même chose" et pour Merlin "un joli homme" et lui "c'est tout un". L'illusion et la réalité se confondent. Pour Artaud, l'illusion se fera par un "bain constant de lumière, d'images, de mouvements et de bruits". C'est à dire que le spectateur ne pourra plus se raccrocher à la réalité. 
           Les deux autres documents insistent sur la perte de l'illusion. Dans L'Echange, Marthe affirme que le théâtre "ce n'est pas vrai". Et dans la même pièce, Lechy Elbernon ajoute que si "L'oeil voit" et que "l'oreille entend", "l'esprit tout seul connait". C'est à dire que l'esprit sait que le théâtre n'est qu'une illusion. Dans Le Songe d'une nuit d'été , Puck prétend être un "menteur". A nouveau les documents se partagent en deux groupes, Marivaux et Artaud qui veulent maintenir l'illusion et Claudel et Shakespeare qui insistent sur le mensonge.

Ainsi ce corpus met au jour deux conceptions opposées du théâtre.

Travaux d’écriture (14 points)
■Sujet de commentaire.
Vous ferez le commentaire du texte de Paul Claudel (document D) à partir du parcours de lecture suivant :
- une actrice parle du théâtre
- le théâtre comme révélateur de la vérité humaine
NB : Ce texte est écrit en versets; il s’agit d’une phrase, ou d’une suite de phrases, rythmées d’une seule respiration, découpées dans un texte poétique à la façon des versets des textes sacrés (La Bible, Le Coran). Vous pouvez donc analyser ces versets à la fois comme des vers et comme de la prose : c’est une richesse supplémentaire pour l’analyse !


Méthodes : partir des deux questions qui seront les deux idées directrices des axes. Reprenez des idées déjà vues dans les questions de corpus. Quelles sont les idées développées par LECHY ELBERNON sur le théâtre. Cet extrait est un dialogue entre une actrice LECHY ELBERNON  et Marthe, présentée comme une épouse soumise aux lois de la famille et de la religion. Le personnage qui domine cet échange est LECHY ELBERNON et apporte toutes les idées. Marthe étant plutôt une sorte de faire-valoir.
Quelle définition du Théâtre pouvons-nous trouver dans les propos de l'actrice ?
Un commentaire comporte 4 parties :   - introduction
                                                                - 1er axe (= une actrice parle du théâtre)
                                                                - 2e axe ( = le théâtre comme révélateur de la vérité humaine)
                                                                  Conclusion 

Jamais de titre, ni de n°, ni les mots "introduction", "axe" ou "conclusion"
L'introduction comporte trois parties : 1) présentation de l'auteur, de l'oeuvre et de l'extrait
                                                              2) Problématique
                                                              3) annonce du plan (les deux axes)
     

Proposition de corrigé ( en se plaçant dans la peau d'un élève qui découvre Paul Claudel, c'est à dire sans en connaître plus que ce qui est dit sur les feuilles)

      Paul Claudel, dramaturge français, a publié la pièce de théâtre, L'Echange, en 1901. L'extrait que nous allons commenter met en scène trois personnages qui sont par ordre d'importance dans le dialogue : THOMAS POLLOCK NAGEOIRE, MARTHE et LECHY ELBERNON. C'est cette dernière, elle-même actrice,  qui domine l'échange et permet par ses réponses aux deux autres personnages qui sont des faire-valoir de susciter des réflexions sur le théâtre. Quelle définition du théâtre nous est-elle donnée par les réflexions de l'actrice ? Nous verrons dans une première partie  comment l'aspect trivial  du théâtre est mis en avant dans toutes ses composantes  pour dans une deuxième partie le sublimer.







                  


vendredi 19 mai 2017

anthologie : la mort en poésie : Mahmoud Darwich, « J'ai vu le dernier adieu » in La Terre nous est étroite.

Anthologie : la mort en poésie : Mahmoud Darwich, « J'ai vu le dernier adieu » in La Terre nous est étroite.  


J'ai vu le dernier adieu : Je serai déposé dans une rime en bois
Porté sur les mains de hommes, par le regard des femmes.
Je serai empaqueté dans un drapeau et ma voix sera conservé sur cassette.
Tous mes péchés seront absous en une heure, puis les poètes m'insulteront.
Plus d'un lecteur se souviendra que je veillai chaque nuit dans sa maison.
Une jeune fille se présentera et affirmera que nous sommes mariés depuis vingt ans … et davantage.
Des fables seront contées sur moi et sur les coquillages que je rassemblais des mers lointaines.
Mon amie s'en ira en quête d'un nouvel amant qu'elle cachera dans ses habits de deuil.
Je verrai la procession de mes funérailles et verrai les badauds fatigués d'attendre.

Mais je ne vois pas encore la tombe. Aurai-je une tombe après toute cette fatigue ?


Mahmoud Darwich est poète palestinien exilé 
né le 13 mars 1941 à Birwa, un village de 
Galilée et il meurt le 9 août 2008 à Houston.





Ce poète de l'exil, du combat contre l'occupation de son pays eut et a toujours une immense postérité notamment en Palestine où les poètes sont des personnages considérables, où les poèmes sont récités par les gens de la rue.

« J'ai vu le dernier adieu » est un poème d'outre tombe. Le poète est mort et imagine ses propres funérailles.

anthologie la mort en poésie : Shakespeare, "Sonnet 81"

« il est si beau de vous entendre parler du profil gracieux et anonyme qui tremble dans les sonnets de Shakespeare »

Shakespeare, « sonnet 81 »


Soit que je sois l'auteur de ton épitaphe,
Ou que tu me survives, moi pourrissant,
Peu importe, ton souvenir vaincra la mort
Quand tout de moi ne sera plus qu'oubli.

Ton nom tiendra de moi vie immortelle
Alors que mort, je ne serai plus rien.
La terre n'a pour moi que la fosse commune
Quand ton tombeau, lui, sera vu de tous.

Ce mausolée ? Mes vers, tendres et nobles,
Qui retiendront des yeux encore à naître.
Et des langues rapporteront ce que tu fus
Quand seront morts tous ceux qui aujourd'hui respirent.

Tu vivras, tant de force a ma parole,
Où le souffle est esprit, même en bouche humaine.






Shakespeare, poète et dramaturge anglais est aussi connu pour les 154 sonnets qu'il écrivit tout au long de sa vie. Cent cinquante quatre sonnets dont les thèmes sont l'amour, la mort, la jalousie et même la luxure.
Notre poète serait né en 1564 à Stratford pour mourir en 1616. Son œuvre est immense, si immense que parfois on nie qu'un tel homme ait pu exister.

Le sonnet que nous avons choisi au milieu d'autres possible est le sonnet 81. Ce sonnet est remarquable car Shakespeare est conscient de son immortalité, celle que son art apportera à l'heureuse élue.

5e séquence : argumentation. Lecture complémentaire : J.J. Rousseau, EXPLICATION

5e séquence : argumentation. Lecture complémentaire : J.J.   Rousseau, EXPLICATION

Manuel, Empreintes littéraires page 373

Jean Jacques Rousseau est un philosophe né le 28 juin 1712 et mort en 1778. Il participe activement à la rédaction de l'Encyclopédie pour les articles sur la musique. Le prétexte de ce discours est un concours del'Académie de Dijon : "Quelle est la source de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ?". Rousseau rédige son discours de novembre 1753 à mars 1754. Ce discours est composé de deux parties : dans la première, il s'agit de "dépouiller la notion que nous avons de la nature humaine, et que nous appelons civilités" et dans la deuxième partie il  s'agit " de repérer les différentes ruptures" qui ont affecté l'homme. Rupture, c'est ce que nous propose l'extrait que nous étudions. Avant l'homme était heureux et après, il est malheureux. Ce texte peut se comprendre dans son déroulement narratif.

1 Le bonheur dans la société primitive (ligne 1 à 9)
a) Les propositions subordonnées circonstancielles de temps : Tant que (x 3) situation de l'homme primitif. Situation qui dure dans le temps. le bonheur consiste à ne produire que ce dont on a besoin et de le faire soi-même. 
b) activités simples et grossières

2 L'arrivée du malheur (ligne 10 à la fin)
a) La fin du bonheur marquée par une rupture : "mais dés l'instant..", "dés qu'on..." 
C'est à dire dés qu'une activité demande d'associer deux personnes, dés qu'un homme peut spéculer sur les marchandises en ayant pour lui-même plus que nécessaire.
b) Conséquences : propriété, esclavage et misère.

5e séquence : argumentation. Lecture complémentaire : J.J. Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes (1755)



5e séquence : argumentation. Lecture complémentaire : J.J. 


Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de 


l'inégalité parmi les hommes (1755)




Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu’ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou à embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu’ils ne s’appliquèrent qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire, et qu’à des arts qui n’avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu’ils pouvaient l’être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d’un commerce indépendant : mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre ; dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire, et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons

Commentaire : rappel de quelques règles simples

Commentaire : rappel de quelques règles simples

Quelques règles à appliquer lors d'un commentaire :

A : Orthographe des mots les plus utilisés :
nous verrons
nous étudierons
cet extrait
malgré + nom : malgré cet auteur
un recueil
il fait partie
Tous les nombres sont écrits en lettres
, etc.

B : Règles de soulignement :
Soulignez les titres de pièces de théâtre, de roman, d'essais et de recueil
Mais entre guillemets les titres des poèmes, des fables.

C: L'introduction du commentaire : dans l'ordre : 5 parties
  1. présentation de l'auteur
  2. présentation du livre (recueil, roman, pièce de théâtre)
  3. présentation de l'extrait : place dans le roman ou dans la pièce, bref résumé.
Surtout ne résumez pas l'avant-texte qui ne fait pas partie du texte.
    1. Problématique : de préférence une question directe : En quoi... ?
    2. annonce du plan
D: Les axes
Un axe doit être égal à une page, une introduction : ½ page
Il faut séparer chaque axe par un saut de deux lignes ; pas de blanc typographique dans un axe, pas de saut de ligne. Uniquement des paragraphes marqué par un alinéa de 3 carreaux.
Chacun des deux axes commence par l'énoncé de l'idée directrice. Il faut faire une transition entre chaque axe.

E/ Les citations
toujours entre guillemets. Ne jamais citer le paratexte, uniquement le texte de l'auteur. Chaque idée est suivie d'une citation. Citer, c'est prouver.



Anthologie : la mort en poésie : Cendrars, "Epitaphe"

Blaise Cendrars, « Épitaphe » in Du Monde entier au cœur du monde


Là-bas gît
                                                         Blaise Cendrars
                                                         Par latitude zéro
                                               Deux ou trois dixième sud
                                               Une, deux, trois douzaines de degrés
                                                        Longitude ouest
                                               Dans le ventre d'un cachalot

                                               Dans un grand cuveau d'indigo