dimanche 8 septembre 2019

Charles Baudelaire, « Spleen », LXII in Spleen et Idéal Texte 3





Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.


Charles Baudelaire, « Spleen », LXII in Spleen et Idéal
Texte 3


Charles Baudelaire, « Alchimie de la douleur », LXXXI, in  « Spleen et Idéal », Les Fleurs du Mal Texte 2





Charles Baudelaire, « Alchimie de la douleur », LXXXI, in  « Spleen et Idéal »,

Les Fleurs du Mal

Texte 2





L'un t'éclaire avec son ardeur,
L'autre en toi met son deuil, Nature !
Ce qui dit à l'un : Sépulture !
Dit à l'autre : Vie et splendeur !

Hermès inconnu qui m'assistes
Et qui toujours m'intimidas,
Tu me rends l'égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;

Par toi je change l'or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans le suaire des nuages

Je découvre un cadavre cher,
Et sur les célestes rivages
Je bâtis de grands sarcophages.

Charles Baudelaire, « Une Charogne », XXVII, in Spleen et Idéal, texte 1


Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague
Ou s'élançait en pétillant
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un œil fâché, 
Épiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection, 
Étoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

Charles Baudelaire, « Une Charogne », XXVII, in Spleen et Idéal,
texte 1


mercredi 4 septembre 2019

Programme 1re STMG2 2020

1re technologique : 2019 / 2020

La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle
Charles Baudelaire, « Spleen et idéal »
Les Fleurs du Mal
1)« Une Charogne », XXIX
2 « Alchimie de la douleur », LXXXI
Parcours associé : Alchimie poétique : la boue et l’or 3) Tristan Corbière, « Le crapaud », Les Amours jaunes (1873)
4) Paul Eluard, « Comprenne qui voudra », Au rendez-vous allemand (1944)
Une œuvre cursive Francis Ponge, Pièces (1961)

La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle
Montaigne, Essais,
« Des Cannibales »,I,31.

5) « Des Cannibales », « Trois d'entre eux,...chausses »
6) « Des Cannibales », « Ce n’est pas comme on pense ...trépassé. »
Parcours associé :
Notre monde vient d’en trouver un autre.
7)Cartier, Voyages au Canada, « Et comme nous n’avions ...d’autres peaux »
8) Lery, Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil (1578),
chapitre XVIII (extrait), «  Quant à la société de nos sauvages ...ils mourraient soudainement. »
Une œuvre cursive Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (1952)

Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Madame de Lafayette,
La Princesse de Clèves
9) « Il parut alors...de charmes »
10) « Elle passa … jamais vu »
Parcours associé :
la passion amoureuse face à la société
11) L’abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731. « La veille … les miens »
12) L’abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731. « Pardonnez … heureuse »
Une œuvre cursive Aragon, Aurélien (1944)

Le Théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle
Beaumarchais, Le Mariage de Figaro 13) scène d’exposition, Acte I, scène 1
14) Monologue de Figaro, Acte V, scène 3
Parcours associé :
La comédie du valet.
15) Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard (1730)
16) Marivaux, Les fausses confidences (1737)
Une œuvre cursive Ionesco, La Cantatrice chauve (1950)



Épreuve écrite : 
au choix : commentaire ( sur poésie, roman ou théâtre mais texte hors programme) ou contraction de texte + essai (sur la littérature d’idée avec l’œuvre et le parcours suivi cette année, c’est à dire sur « les Cannibales »)

Épreuve orale : 
1) interrogation orale sur un des seize textes : explication linéaire d’une partie d’un texte (max. 20 lignes) choisi par l’examinateur ainsi qu’une question de grammaire sur une phrase ou une partie de phrase.
2) L’élève a choisi clairement dans son descriptif une des quatre œuvres intégrales étudiées ou une des quatre œuvres cursives. Il présente cette œuvre. 

dimanche 7 juillet 2019

Programme annuel 2020 1re générale


1re générale programme 2019/2020
La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle



Charles Baudelaire,
Les Fleurs du Mal
1)« Une charogne », XXIX
2)  « Alchimie de la douleur », LXXXI
3) « Spleen », « Quand le ciel bas et lourd... » , LXXVIII 
Parcours associé : Alchimie poétique : la boue et l’or 4) Tristan Corbière, « Le crapaud », Les Amours jaunes (1873)
5) Rimbaud, « Alchimie du verbe », Une Saison en enfer (1873)
6) Paul Eluard, « Comprenne qui voudra », Au rendez-vous allemand (1944)
Une œuvre cursive Francis Ponge, Pièces (1961)

La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle
Montaigne, Essais,
« Des Cannibales »,I,31 ;
« Des Coches », III,6
7) « Des Cannibales » : « Trois d'entre eux,...chausses »
8) « Des Coches » : « Notre monde vient d’en trouver un autre … tant de victoires »
9) « Des Coches »  : « En naviguant le long des côtes...cannibales »
Parcours associé :
Notre monde vient d’en trouver un autre.
10)Cartier, Voyages au Canada, « Et comme nous n’avions ...d’autres peaux »
11) Lery, Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil (1578),
chapitre XVIII (extrait), «  Quant à la société de nos sauvages ...ils mourraient soudainement. »
12)  « Réfugiés » ; article tiré de L’Encyclopédie dirigée par Diderot et D’Alembert, 1772
Une œuvre cursive Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (1952)

Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle
Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves 13) « Il parut alors...de charmes »
14) « Elle passa … jamais vu »
15) « Par vanité … invincible »
Parcours associé :
la passion amoureuse face à la société
16) L’abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731. « La veille … les miens »
17) L’abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731. « Pardonnez … heureuse »
18) Guilleragues, Lettres portugaises, « lettre 5 », « J’ai vécu … mouvements »
Une œuvre cursive Aragon, Aurélien (1944)

Le Théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle


Beaumarchais, Le Mariage de Figaro
19) scène d’exposition, Acte I, scène 1
20) Acte III, scène 16, « Vous l’épouserez ...pas »
21) Monologue de Figaro, Acte V, scène 3


Parcours associé : la comédie du valet
22)Lesage, Turcaret, (1708),
23) Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard (1730)
24) Marivaux, Les fausses confidences (1737)
Une œuvre cursive Ionesco, La Cantatrice chauve (1950)



Guillaume Apollinaire, Bac 2020, Alcools. Poèmes 1898-1913
Collection Folio+Lycée (n° 4)
Parution : 20-06-2019
ISBN : 9782072858864
Gencode : 9782072858864
Code distributeur : G03319

Michel de Montaigne, Bac 2020, «Des Cannibales» suivi de «Des Coches», Dossier par Christine Bénévent
Collection Folio+Lycée (n° 5)
Parution prévisionnelle : 15-08-2019
ISBN : 9782072858963
Gencode : 9782072858963
Code distributeur : G03329

Madame de Lafayette , Bac 2020, La Princesse de Clèves
Dossier par Geneviève Winter, ISBN : 9782072858895
Gencode : 9782072858895 Code distributeur : G03322 Collection Folio+Lycée (n° 12)
Parution prévisionnelle : 15-08-2019

Beaumarchais, Bac 2020, Le Mariage de Figaro
Dossier par Sophie Doudet, Collection Folio+Lycée (n° 8) ISBN : 9782072858901 Gencode :9782072858901
Code distributeur : G03323

Parution prévisionnelle : 15-08-2019



lundi 10 juin 2019

3e séquence : Hernani : éléments d'introduction




écriture :



Victor Hugo a commencé la rédaction d’Hernani le 29 août 1829

 pour la terminer le 24 septembre de la même année. 


Création :



Hernani est  créé le 25 février 1830 à la Comédie française.



Edition : 


 La première  édition, l’édition originale, date du 9 mars 1830. 

Plusieurs éditions se succèdent avec des variantes et des 

modifications jusqu’à l’édition définitive de 1880.

Hernani en terminale L 2018/2019


Citations à apprendre par cœur :


Sur l’amour de Dona Sol pour Hernani :

1) DOÑA SOL. (I,2) (à Hernani)
J'ai besoin de vous voir, et de vous voir encore,
Et de vous voir toujours. Quand le bruit de vos pas
S'efface, alors je crois que mon cœur ne bat pas ;
Vous me manquez, je suis absente de moi-même ;
Mais dès qu'enfin ce pas que j'attends et que j'aime
Vient frapper mon oreille, alors il me souvient
Que je vis, et je sens mon âme qui revient !

2) DOÑA SOL. (II,2) (à Don Carlos)
S'il faut que je le dise,
J'aime mieux avec lui, mon Hernani, mon roi,
Vivre errante, en dehors du monde et de la loi,
Ayant faim, ayant soif, fuyant toute l'année,
Partageant jour à jour sa pauvre destinée,
Abandon, guerre, exil, deuil, misère et terreur,
Que d'être impératrice avec un empereur.

3) DOÑA SOL, (à Don Gomes) échevelée et se
dressant à demi sur son séant.(V, 6)
Mort ! Non pas !... nous dormons.
Il dort ! C'est mon époux, vois-tu, nous nous aimons,
Nous sommes couchés là. C'est notre nuit de noce…

Sur la politique :
4) HERNANI. (III,4) (à Don Carlos)
Crois-tu donc que les rois à moi me sont sacrés ?
DON CARLOS. (IV,2) (monologue)
-Ah ! Le peuple!-océan!-onde sans cesse émue !/
Où l’on ne jette rien sans que tout ne remue !/
Vague qui broie un trône et qui berce
un tombeau !

5) DON CARLOS. (IV,5)
(monologue à Charlemagne)
Je t’ai crié:-Par où faut-il que je commence ?/
Et tu m’as répondu:-Mon fils, par la clémence !

6) DONA SOL. (II,2) (à Don Carlos)
Si Dieu faisait le rang à la hauteur du cœur, / Certes, il serait le roi, prince, et vous le voleur !

Sur les courtisans :

7) DON CARLOS (IV,1) (à part)
Basse-cour où le roi, mendié sans pudeur, / À tous ces affamés émiette la grandeur !
Sur le malheur et la fatalité
8) HERNANI (III,4) (à Dona Sol)
Monts d’Aragon ! Galice ! Estramadoure ! / Oh ! Je porte malheur à tout ce qui m’entoure !

9) HERNANI (III,4) (à Dona Sol)
Je suis une force qui va ! / Agent aveugle et sourd de mystères funèbres ! / Une âme de malheur faite avec des ténèbres !
Sur l’orgueil
10) HERNANI (IV,4) (à Don Carlos)
Je suis Jean d’Aragon, roi, bourreaux et valets ! / Et si vos échafauds sont petits, changez-les !

Sur la vanité des actions humaines
11) DON CARLOS (IV,2) (monologue face à Charlemagne) (=tout finit dans une tombe)
Tout est-il donc si peu que ce soit là qu’on vienne ?

Sur la vieillesse
12) HERNANI (I,2) (à Dona Sol en parlant de Don Gomes)
Il vient dans nos amours se jeter sans frayeur ? / Vieillard, va-t-en donner mesure au fossoyeur !

13) DON RUY GOMES (III,1) (à Dona Sol)
Nous aimons bien.-Nos pas sont lourds ? Nos yeux arides ? / Nos fronts ridés ? Au cœur on n’a jamais de rides.
Sur la vengeance
14) HERNANI (II,3) (à Don Carlos)
La vengeance est boiteuse, elle vient à pas lents, / Mais elle vient.
Sur la rivalité amoureuse
15) HERNANI (I,3) à Dona Sol
Nous sommes trois chez vous, c’est trop de deux, madame.