dimanche 18 juin 2017

3e séquence :lecture analytique des texte 2 et texte 3 des Ames fortes

Texte 2 les Âmes fortes , folio pp. 326 à 327
Jean Giono est né en 1895 à Manosque. En 1949, il publie les Âmes fortes. Ce roman fait partie d'un ensemble de romans appelé Chroniques romanesques. Ces romans décrivent une société dans laquelle les personnages sont extraordinairement intelligents, manipulateurs. Avec peu de chose, ils s'inventent des vies captivantes. Ils sont là, à l’affût, là où les autres ne voient rien, ils trouvent tout ce dont ils ont besoin ; ils sont patients, attentifs, manœuvrent dans l'ombre, attendent leur heure. Ces sont des âmes fortes. Les Âmes fortes est un roman dialogué qui prend naissance lors d'une veillée mortuaire à laquelle assiste Thérèse alors âgée de quatre-vingt-neuf ans, nous sommes en 1949. Ce roman est l’œuvre de deux conteuses hors-pair : une veilleuse anonyme et Thérèse. Ces deux récits oraux qui font un retour dans le passé de Thérèse s'enchevêtrent et se contredisent. Dans l'extrait soumis à notre étude, c'est le récit de Thérèse. C'est la narratrice Thérèse qui raconte Thérèse-personnage. Thérèse explique sa stratégie pour s'accaparer celle qu'elle désigne par un pronom démonstratif « celle-là » (curieusement, la commère et Thérèse emploient le même terme pour désigner Mme Numance : Thérèse et la commère ne serait-elle qu'une même personne?) car elle ignore son identité. En quoi la stratégie de Thérèse révèle-t-elle son appétit de conquête ? En quoi est-elle une âme forte ? Nous étudierons dans une première partie les éléments de sa stratégie et nous verrons ensuite comment deux désirs apparemment complémentaires peuvent s'accorder ou non par le jeu de l'écriture.

I la stratégie de Thérèse
a) un témoignage personnel
Cet extrait raconte la stratégie mise en œuvre par Thérèse pour s'accaparer Mme Numance dont elle ignore alors l'identité . La narratrice Thérèse parle d'elle-même. Nous avons donc un narrateur-personnage et un point de vue interne. Mais ce n'est pas sûr. En effet, la narratrice prête des pensées à Mme Numance : « Elle se disait : « C'est aujourd'hui que je lui parle ? » ». Et cela va très loin, puisque tout au long de cet extrait nous avons des explications sur la conduite de Mme Numance qui ne peuvent venir que d'une connaissance très profonde de son moi intérieur. Thérèse connaît un peu le passé de Mme Numance : « Je savais qu'elle n'était jamais arrivée trop tard ». Thérèse n'est donc pas seulement la narratrice de son propre personnage mais aussi une auteure à égalité avec la commère.
b) Un combat :
L'activité de Thérèse s'apparente à un « combat », voire « une bataille un peu plus serrée ». C'est elle qui mène, qui dirige l'action. Thérèse a fait le choix de sa proie. Mais elle choisit de la faire « mijote(r) » dans son « jus ».
c) Le faux sommeil et la pitié :
Thérèse veut créer la pitié chez Mme Numance. C'est donc qu'elle connaît parfaitement le désir de Mme Numance qui est donner sans compter, jusqu'à la ruine. Pour faire pitié, Thérèse se sert de son corps comme un instrument : elle s'est entraînée et est devenue enceinte, elle s'est fait renvoyer de sa place à l'auberge de Chatillon pour qu'on lui donne une cabane à lapin. Elle oppose la « palatine fourrée » de Mme Numance à son caraco troué. Son faux sommeil lui permet de dominer la situation. A travers ses yeux mi-clos elle surveille Mme Numance. Elle se transforme en « chat(s) » qui ne dort que d'un œil.
II Deux désirs apparemment contradictoires :
a) Le désir de Thérèse
Thérèse a un désir : celui de s'accaparer Mme Numance, d'en faire sa proie. Mais Thérèse, et nous le savons dans ses récits antérieurs, n'aime pas l'argent contrairement à Firmin. Thérèse organise sa conquête et Firmin n'a plus qu'un rôle subalterne. Il n'est d'ailleurs même pas nommé.
b) Le désir de Mme Numance
Mme Numance a une passion qui est de donner jusqu'à la ruine. Donc nous avons deux personnages : l'un veut s'accaparer une personne, l'autre tout donner.

En conclusion, Thérèse et Mme Numance s'affrontent. Dans cet extrait nous voyons la stratégie organisée par Thérèse pour organiser la prise de Mme Numance. Le troisième extrait nous montrera une Thérèse désarçonnée par la disparition de Mme Numance. Alors qui aura gagné cette « bataille »

Texte 3 les Âmes fortes folio pp. 332 à 333
Jean Giono est né en 1895 à Manosque. En 1949, il publie les Âmes fortes. Ce roman fait partie d'un ensemble de romans appelé Chroniques romanesques. Ces romans décrivent une société dans laquelle les personnages sont extraordinairement intelligents, manipulateurs. Avec peu de chose, ils s'inventent des vies captivantes. Ils sont là, à l’affût, là où les autres ne voient rien, ils trouvent tout ce dont ils ont besoin ; ils sont patients, attentifs, manœuvrent dans l'ombre, attendent leur heure. Ces sont des âmes fortes. Les Âmes fortes est un roman dialogué qui prend naissance lors d'une veillée mortuaire à laquelle assiste Thérèse alors âgée de quatre-vingt-neuf ans, nous sommes en 1949. Ce roman est l’œuvre de deux conteuses hors-pair : une veilleuse anonyme et Thérèse. Ces deux récits oraux qui font un retour dans le passé de Thérèse s'enchevêtrent et se contredisent. Dans l'extrait soumis à notre étude, nous trouvons trois récits qui se succèdent : le premier passage raconté par Thérèse dans lequel elle anticipe la la fuite de Sylvie Numance, le second passage est un dialogue, de retour au temps de l'énonciation, c'est à dire la veillée mortuaire du « pauvre Albert » entre la veilleuse anonyme que Giono appelle « le Contre » et Thérèse. Ce court dialogue fait une soudure avec le récit de la veilleuse. Cette dernière enchaîne avec la suite de son récit qui est le récit de la disparition de Mme Numance et des efforts rageurs de Thérèse pour la retrouver. Nous suivrons donc les mouvements du texte. En quoi ces trois récits font de Thérèse et de la veilleuse anonyme les auteures du récit ? Nous verrons dans une première partie comment les trois récits qui s'enchevêtrent révèlent l'absence de vérité ensuite nous étudierons dans une deuxième partie comment Thérèse prend le dessus physiquement sur Firmin et enfin nous verrons les conséquences de la disparition de Mme Numance
I Trois récits
a) Celui de Thérèse qui est la suite de son récit sur sa prise. Mais elle annonce également sa fin. Ce n'est pas elle qui triomphera. Ce qui est remarquable dans ce récit, c'est l'absence de résultat : la quasi adoption de Thérèse par Mme Numance, la ruine des Numance causée par le plan de Firmin et de Reveillard et ce qui en découle, c'est à dire la ruine et la mort de M.Numance. Non, tout ce que retient Thérèse c'est la disparition de Mme Numance.
b) Retour à la veillée mortuaire c'est à dire au présent d'énonciation.
Dialogue entre Thérèse et la commère qui reprend son récit comme elle l'annonce : « je continue »
C) le récit de la commère : narrateur externe mais point de vue omniscient. La commère raconte la disparition de Mme Numance conséquence de la mort de M.Numance et de leur faillite.
II Thérèse prend le dessus
a) Les transformations de Thérèse : Thérèse pleurniche « comme une chatte », devient un cheval qui « hennissait » puis un « chat sauvage ». La part animale de Thérèse prend le dessus. Firmin l'appelle : « foutue bête ». Elle marche comme « un ivrogne ».
Toutes ces métamorphoses successives sont dues à la perte, celle de Mme Numance.
b) Le combat entre Thérèse et Firmin.
Depuis le début du récit, nous savons que si Firmin est manipulé par Thérèse quand c'est Thérèse qui raconte, Firmin bat régulièrement Thérèse. Dans cette scène, Thérèse est animée d'une force supplémentaire, celle qu'elle a recueilli dans la disparition de Mme Numance. Elle prend donc le dessus sur Firmin qui désormais n'aura jamais plus le dessus. Il ne fait pas partie des âmes fortes. Les deux âmes fortes sont Thérèse et Mme Numance
III les conséquences de la disparition de Mme Numance

Mme Numance disparaît. Alors que Thérèse espérait gagner la partie, au moment où la faillite des Numance se confirme, Mme Numance remporte la partie. Elle disparaît dans la nature pour toujours. Son prénom est Sylvie ce qui veut dire la forêt. On peut sans risque l'assimiler à Démeter, la déesse de la nature. Thérèse devenant Perséphone celle qui a épousé Hadès/Firmin qui est forgeron. Ce qui explique que Sylvie Numance cherche dans « le jardin », « sous les buissons », « dans les branches basses des arbres ». 

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