La représentation que le poète livre de lui-même
Depuis
l’Antiquité, le poète, placé sous l’égide d’Apollon, est
considéré comme un messager divin, un médiateur entre les dieux et
les hommes. Son don de voyance lui donne la capacité de déchiffrer
le monde et parfois même de le contrôler, à l’image d’Orphée,
le Prince des poètes au chant enchanteur.Cette image du poète
prophète perdure au fil des siècles. Au XVIe
siècle,
Du Bellay évoquait cette « honnête flamme au peuple non commune ».
À l’époque romantique, Victor Hugo est l’« esprit d’une
autre sphère », à la fois « prêtre » et « pâtre ». Rimbaud
veut « se faire voyant », « voleur de feu » à l’égal de
Prométhée. La question se pose alors du caractère divin du poète
et de son intégration à la société. Tour à tour admiré,
méprisé, envié ou exclu, le poète trouve refuge dans la solitude
et l’écriture.Pourtant, l’engagement politique et social des
poètes se manifeste dès le XVIe
siècle.
Ronsard, poète de la Pléiade, et le baroque Agrippa d’Aubigné
composent des vers satiriques contre les guerres de religion. Au XIXe
siècle,
par
Les
Châtiments,
Victor Hugo s’insurge contre Napoléon III. Les surréalistes
expriment leur amour fou dans un contexte désastreux de guerre
mondiale…Le poète endosse donc diverses fonctions, à caractère
sacré et social. Comment expriment-ils cette ambivalence ? Quelle
représentation donnent-ils d’eux-mêmes ? Entre Baudelaire, le
maudit, et Mallarmé en quête d’un langage céleste, les images
abondent et se contredisent.
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