mercredi 5 juin 2019

5e séquence : l'Abbaye de Thélème

Séquence n°5 : Rabelais, « L’abbaye de Thélème », chapitre LVII,
Gargantua (1534)
Toute leur vie était ordonnée non selon des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur bon vouloir et leur libre arbitre. Ils se levaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient et dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les réveillait, nul ne les contraignait à boire, à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua.
Pour toute règle, il n'y avait que cette clause, Fais ce que voudras ;     parce que gens libre, bien nés, bien instruits, conversant en bonne compagnie, ont par nature un instinct, un aiguillon qui les pousse toujours à la vertu et les éloigne du vice, qu’ils appelaient honneur. Ces gens-là, quand ils sont opprimés et asservis par une honteuse sujétion et par la contrainte, détournent cette noble inclination par laquelle ils tendraient librement à la vertu, vers le rejet et la violation du joug de servitude ; car nous entreprenons toujours ce qui nous est interdit et nous convoitons ce qui nous est refusé.
    Ils étaient si bien éduqués qu'il n'y avaient parmi eux homme ni femme qui ne sût lire, écrire, chanter, jouer d'instruments de musique, parler cinq ou six langues, et y composer, tant en vers qu'en prose. Jamais on ne vit de chevaliers si vaillants, si adroits au combat à pied ou à cheval, plus vigoureux, plus agiles, maniant mieux les armes que ceux-là ; jamais on ne vit de dames si fraîches, si jolies, moins acariâtres, plus doctes aux travaux d’aiguille et à toute activité de femme honnête et bien née que celles-là.

    C’est cette liberté même qui les poussa à une double émulation : faire tous ce qu’ils voyaient faire plaisir à un seul. Si l’un ou l’autre d’entre eux disait : « Buvons », ils buvaient tous ; s’il disait : " Jouons ", tous jouaient ; s’il disait : " Allons nous ébattre aux champs ", tous y allaient. S’il s’agissait de chasser à courre ou au vol, les dames, montées sur belles haquenées, suivies du palefroi de guerre, portaient sur leur poing joliment gantelé un épervier, un laneret, ou un émerillon. Les hommes portaient les autres oiseaux.
C’est pourquoi, quand arrivait le temps où l’un d’entre eux, soit à la requête de ses parents, soit pour d’autres raisons, voulait quitter l’abbaye, il emmenait avec lui une des dames, celle qui l’aurait choisi pour chevalier servant, et ils se mariaient. ; et s’ils bien avaient vécu à Thélème en amitié de coeur, ils continuaient encore mieux dans le mariage, et ils s’aimaient autant à la fin de leurs jours qu’au premier jour de leur noces.
Mais je ne veux pas omettre de vous retranscrire une énigme qu’on trouva dans les fondations de l’abbaye, sur une grande plaque de bronze.

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Texte 3 : l’abbaye de Thélème
Afin de remercier frère Jean de sa participation à la guerre contre Piicrochole, Gargantua lui accorde une récompense : fonder une abbaye idéale qui accueillera des jeunes gens et des jeunes filles qui recevront une éducation idéale, très loin de celle reçue par Gargantua. Ce sera l’abbaye de Thélème qui signifie en grec « volonté » et dont la seule règle est « fais ce que tu voudras »
I une éducation idéale
a) Une élite sociale
b) Un enseignement de chevalier
II une harmonie idéale
a) égalité homme/femme
b) harmonie entre l’individu seul et le groupe
III Une liberté idéale
a) une devise : « fais que tu voudras »
b) en opposition aux abbayes traditionnelles (savoir personnel)
c) Qui sont interdits d’accès à l’abbaye (savoir personnel)



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