mercredi 6 septembre 2017

Séquence 1 LA "A la recherche du bonheur" , Texte 1 De rerum natura


Texte n°1 : Lucrèce, De rerum natura

(1er siècle avant J.-C.)



1     Douceur, lorsque les vents soulèvent la mer immense,
       D’observer du rivage le dur effort d’autrui,
      Non que le tourment soit jamais un doux plaisir
      Mais il nous plaît de voir à quoi nous échappons.
5    Lors des grands combats de la guerre, il plaît aussi
      De regarder sans risque les armées dans les plaines.
      Mais rien n’est plus doux que d’habiter les hauts lieux
      Fortifiés solidement par le savoir de sages,
      Temples de sérénité d’où l’on peut voir les autres
10 Errer sans trêve en bas, cherchant le chemin de la vie,
     Rivalisant de talent, de gloire nobiliaire,
     S’efforçant nuit et jour par un labeur intense
    D’atteindre à l’opulence, au faîte du pouvoir.
    Pitoyables esprits, cœurs aveugles des hommes !
15 Dans quelles ténèbres mortelles, quels dangers
     Passe leur peu de vie ! Ne voient-ils l’évidence ?
     La nature en criant ne réclame rien d’autre
     Sinon que la douleur soit éloignée du corps,
     Que l’esprit jouisse de sensations heureuses,
20 Délivré des soucis et de crainte affranchi.
     Ainsi nous le voyons, bien peu de choses sont nécessaires
     A la nature corporelle et tout ce qui ôte la douleur
     Peut aussi nous donner maintes délices en échange.
      Il est parfois plus agréable, et la nature est satisfaite,
25  Si l’on ne possède statues dorées d’éphèbes
     Tenant en main droite des flambeaux allumés
     Pour fournir leur lumière aux nocturnes festins,
     Ni maison brillant d’or et reluisant d’argent,
     Ni cithares résonnant sous des lambris dorés,
30 De pouvoir entre amis, couchés dans l’herbe tendre,
     Auprès d’une rivière, sous les branches d’un grand arbre,
     Choyer allègrement son corps à peu de frais,
     Surtout quand le temps sourit et que la saison
     Parsème de mille fleurs les prairies verdissantes.
35 Et les fièvres ne quittent pas plus vite le corps
     Si l’on s’agite sur de riches brocarts de pourpre
    Que si l’on doit coucher sur un drap plébéien.

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