Guillaume
Apollinaire, Alcool (1913),
« Le Pont Mirabeau »
Sous
le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
----------------------------------------------------------------------------------
Introduction :
De 1870 à la 1re guerre mondiale, l'Europe connait une période de renouveau intense par le biais de la révolution technologique et industrielle. Ainsi en architecture, de nouveaux bâtiments apparaissent utilisant de nouveaux matériaux comme l'acier. Comme les Impressionnistes qui firent entrer la modernité dans leur peinture, Apollinaire se fait le chantre de la modernité. Le pont Mirabeau date seulement de 1896 et déjà il pénètre la poésie. Mais Apollinaire est aussi un avantgardiste pour la forme ainsi l'absence de ponctuation. Ce poème est composé de quatre quatrains alternant avec un distique qui forme un refrain. Le tout est un poème hétérométrique de 24 vers, comme les 24 heures de la journée. C'est un poème qui oscille entre le monde ancien par son thème plutôt classique de la fuite du temps (c'est l'image d'Héraclite !) réunie à la fin des amours et une forme poétique étonnante.
I Une forme musicale étonnante
II Fuite du temps associée à la fin des amours
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
----------------------------------------------------------------------------------
Introduction :
De 1870 à la 1re guerre mondiale, l'Europe connait une période de renouveau intense par le biais de la révolution technologique et industrielle. Ainsi en architecture, de nouveaux bâtiments apparaissent utilisant de nouveaux matériaux comme l'acier. Comme les Impressionnistes qui firent entrer la modernité dans leur peinture, Apollinaire se fait le chantre de la modernité. Le pont Mirabeau date seulement de 1896 et déjà il pénètre la poésie. Mais Apollinaire est aussi un avantgardiste pour la forme ainsi l'absence de ponctuation. Ce poème est composé de quatre quatrains alternant avec un distique qui forme un refrain. Le tout est un poème hétérométrique de 24 vers, comme les 24 heures de la journée. C'est un poème qui oscille entre le monde ancien par son thème plutôt classique de la fuite du temps (c'est l'image d'Héraclite !) réunie à la fin des amours et une forme poétique étonnante.
I Une forme musicale étonnante
II Fuite du temps associée à la fin des amours
Remarquez sur le manuscrit que ce sont bien des tercets. Et que l'idée de briser le deuxième vers est venue après.
https://drive.google.com/file/d/0B4OSt_hVPMKcTXZUVldBZEdIWDQ/view?usp=sharing
Si vous voulez entendre Apollinaire dire son poème :
http://french.chass.utoronto.ca/fcs195/music/Apollinaire_recite_le_pont_Mirabeau.mp3
https://www.franceculture.fr/emissions/si-ca-vous-chante/guillaume-apollinaire
173 mètres de long sur 20 de large et 15 de haut, telles sont les mensurations d’acier
du Pont Mirabeau.Trois arches pour enjamber la Seine à l’ouest de Paris, bâties à la
toute fin du 19ème, suffisaient-elles à faire le poème du siècle dernier ?
Qu’avait donc ce jeune pont qui inspira tant Apollinaire ? Où Guillaume puisa-t-il sa
complainte ? Dans le blason de la ville qui s’enorgueillit depuis le moyen-âge et les
marchands de l’eau de fendre les flots sans jamais être submergé ni sans jamais
sombrer ? "Fluctuat nec mergitur"
La chanson triste de cette longue liaison brisée. Le pont est encore là, mais ni les amours, ni le poète n'ont demeuré. L'eau est passée sous le pont, indifférente.
Marie Laurencin, la jeune fiancée d'Apollinaire qu'il retrouvait sur le pont Mirabeau.
https://www.youtube.com/watch?v=zg7eMk88BC4
Cette rupture, qui ravive le douloureux souvenir de sa première expérience amoureuse avec l'insaisissable Annie Playden, lui donne le sentiment d'être un mal-aimé.
Pour lutter contre le chagrin, Apollinaire décide de rassembler en un recueil l'ensemble des poésies qu'il compose depuis plus de quinze ans. Mais, alors qu'il en corrige les premières épreuves d'imprimerie, il est bouleversé par la modernité du nouveau poème de son ami Biaise Cendrars, LaProse du Transsibe'rien et de la petite Jehanne de France (1913). À l'instar de ce :
"Sous le pont Mirabeau coule ta Seine"
■ Guillaume Apollinaire, Alcools, « Le Pont Mirabeau », 1913.
Apollinaire supprime alors la ponctuation de son recueil dont il modifie radicalement
la composition. Alcools paraîtra en 1913.
Par son usage original du vers libre et par ses images surprenantes. Alcools s'impose comme le manifeste de l'avant-garde poétique du début du xxe siècle.
d'origine polonaise, né Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky - fait une demande
de naturalisation pour être engagé sur le front. Il est affecté dans un régiment
d'artillerie mais, en 1916, il est grièvement blessé et trépané. Apollinaire ne s'en
remettra pas. En novembre 1918, après la publication de Calligrammes, le poète meurt emporté
par la grippe espagnole.
Apollinaire a d’abord pensé à intituler son recueil Eau de Vie, abandonné au bénéfice d’Alcools, au
pluriel plus inattendu.
Alcools, sources multiples poétiques dans le but de distiller le réel ?
Distiller :
1. Convertir en vapeur un liquide mêlé à un corps non volatil (qui ne s’évapore pas facilement)
afin de les séparer
2. Laisser tomber goutte à goutte, sécréter
Si ce recueil s’intitule Alcools et qu’il comporte des poèmes, chaque poème est un alcool.
Si vous voulez entendre Apollinaire dire son poème :
http://french.chass.utoronto.ca/fcs195/music/Apollinaire_recite_le_pont_Mirabeau.mp3
https://www.franceculture.fr/emissions/si-ca-vous-chante/guillaume-apollinaire
173 mètres de long sur 20 de large et 15 de haut, telles sont les mensurations d’acier
du Pont Mirabeau.Trois arches pour enjamber la Seine à l’ouest de Paris, bâties à la
toute fin du 19ème, suffisaient-elles à faire le poème du siècle dernier ?
Qu’avait donc ce jeune pont qui inspira tant Apollinaire ? Où Guillaume puisa-t-il sa
complainte ? Dans le blason de la ville qui s’enorgueillit depuis le moyen-âge et les
marchands de l’eau de fendre les flots sans jamais être submergé ni sans jamais
sombrer ? "Fluctuat nec mergitur"
Il est vrai que son refrain des jours qui passent s’écoule comme la chanson de
toile des temps jadis. Et que le nom du fleuve, qui rime avec la peine, est
féminin comme la mélancolie.
toile des temps jadis. Et que le nom du fleuve, qui rime avec la peine, est
féminin comme la mélancolie.
Avec l’onde si lasse, les rimes se dissipent et pourtant la ritournelle
désenchantée entête. C’est pourquoi peut-être le recueil s’intitule « Alcools » :
désenchantée entête. C’est pourquoi peut-être le recueil s’intitule « Alcools » :
« Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie »
A propos de ses vers, Guillaume Apollinaire confiait : « je les fais en chantant
et je me chante souvent le peu dont je me rappelle ». Habitant à Auteuil, le
poète arpentait souvent dans la nuit les quais de la Seine. Il buvait à pleins
verres les étoiles !
et je me chante souvent le peu dont je me rappelle ». Habitant à Auteuil, le
poète arpentait souvent dans la nuit les quais de la Seine. Il buvait à pleins
verres les étoiles !
La chanson triste de cette longue liaison brisée. Le pont est encore là, mais ni les amours, ni le poète n'ont demeuré. L'eau est passée sous le pont, indifférente.
Marie Laurencin, la jeune fiancée d'Apollinaire qu'il retrouvait sur le pont Mirabeau.
https://www.youtube.com/watch?v=zg7eMk88BC4
Le mal-aimé
En 1912, Apollinaire est un homme désespéré : Marie Laurencin, son grand amour depuis bientôt cinq ans, vient de le quitter.Cette rupture, qui ravive le douloureux souvenir de sa première expérience amoureuse avec l'insaisissable Annie Playden, lui donne le sentiment d'être un mal-aimé.
Pour lutter contre le chagrin, Apollinaire décide de rassembler en un recueil l'ensemble des poésies qu'il compose depuis plus de quinze ans. Mais, alors qu'il en corrige les premières épreuves d'imprimerie, il est bouleversé par la modernité du nouveau poème de son ami Biaise Cendrars, LaProse du Transsibe'rien et de la petite Jehanne de France (1913). À l'instar de ce :
"Sous le pont Mirabeau coule ta Seine"
■ Guillaume Apollinaire, Alcools, « Le Pont Mirabeau », 1913.
Apollinaire supprime alors la ponctuation de son recueil dont il modifie radicalement
la composition. Alcools paraîtra en 1913.
Un chant d’amour au monde moderne
S'il s'inspire d'une large tradition poétique. Alcools s'impose surtout comme un hymne à la modernité. Apollinaire y chante les louanges du monde contemporain et vante ses innovations, tels les aéroplanes et les automobiles. Il déclare sa flamme à la tour Eiffel, symbole d'un avenir prometteur, susceptible de lui faire oublier le passé et ses déceptions amoureuses.Par son usage original du vers libre et par ses images surprenantes. Alcools s'impose comme le manifeste de l'avant-garde poétique du début du xxe siècle.
Un poète au coeur de la Grande Guerre
Cependant, en 1914, la Première Guerre mondiale éclate. Le poète apatride - russed'origine polonaise, né Wilhelm Apollinaris de Kostrowitzky - fait une demande
de naturalisation pour être engagé sur le front. Il est affecté dans un régiment
d'artillerie mais, en 1916, il est grièvement blessé et trépané. Apollinaire ne s'en
remettra pas. En novembre 1918, après la publication de Calligrammes, le poète meurt emporté
par la grippe espagnole.
1880 / 1918
pluriel plus inattendu.
Alcools, sources multiples poétiques dans le but de distiller le réel ?
Distiller :
1. Convertir en vapeur un liquide mêlé à un corps non volatil (qui ne s’évapore pas facilement)
afin de les séparer
2. Laisser tomber goutte à goutte, sécréter
Si ce recueil s’intitule Alcools et qu’il comporte des poèmes, chaque poème est un alcool.
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