jeudi 9 novembre 2017

Séquence 2 Comment les poètes traduisent la fuite du temps,: LA1, Lamartine, "Le Lac" : analyse


Alphonse de Lamartine,
Méditations poétiques (1820)
« Le Lac »




Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,                 Rimes croisées + 3 alexandrins et un
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,                                                               hexasyllabe
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour ?

Ô / lac !/ l'a/nnée/ à /pei/ne a/ fi/ni/ sa/ ca/rrière,        12 SYLLABES : un alexandrin
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
/tu/ la /vis/ s'a/sseoir !                                                6 SYLLABES : un hexasyllabe

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;          Une strophe de 4 vers est un quatrain
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.                                                    
har/mo/ ni/ eux  la syllabe est coupée en deux :
                                                                                                           c'est une diérèse
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :

" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !      Début du discours d'Elvire 
Suspendez votre cours :                                                        Strophes 6 à 9  :
Laissez-nous savourer les rapides délices                               alternance alexandrin et hexasyllabe
Des plus beaux de nos jours !                                                  cela rend le discours plus aérien

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,        
Le temps m'échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore
Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive, 
Hâtons-nous, jouissons !
L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! "

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, 
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !


Nous avons donc un poème hétérométrique de seize quatrains composés d'alexandrin et d'hexasyllabe et dont les rimes sont croisées.

Questions possibles à l'oral :
Dans quelles mesures ce poème apparaît comme romantique ?
En quoi ce poème est-il lyrique voire élégiaque ?
 En quoi la musicalité du poème facilite-t-il l’expression des sentiments ?

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