jeudi 16 novembre 2017

Séquence : Les réécritures, du XVIIe siècle à nos jours : le monstre en littérature, La Bible, "Livre de Job"



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Je ne veux pas taire ses membres,
le détail de ses exploits, la beauté de ses membres.
Qui a découvert par devant sa tunique,
pénétré dans sa double cuirasse ?
Qui a ouvert les battants de sa gueule ?
La terreur règne autour de ses dents !
Son dos, ce sont des rangées de boucliers,
que ferme un sceau de pierre.
Ils se touchent de si près
qu'un souffle ne peut s'y infiltrer.
Ils adhèrent l'un à l'autre
et font un bloc sans fissure.
Son éternuement projette de la lumière,
ses yeux ressemblent aux paupières de l'aurore.
De sa gueule jaillissent des torches,
il s'en échappe des étincelles de feu.
De ses naseaux sort une fumée,
comme un chaudron qui bout sur le feu.
Son souffle allumerait des charbons,
une flamme sort de sa gueule.
Sur son cou est campée la force,
et devant lui bondit l'épouvante.
Quand il se dresse, les flots prennent peur
et les vagues de la mer se retirent.
Les fanons de sa chair sont soudés ensemble :
ils adhèrent à elle, inébranlables.
Son cœur est dur comme le roc,
résistant comme la meule de dessous.
L'épée l'atteint sans se fixer,
de même lance, javeline ou dard.
Pour lui, le fer n'est que paille,
et l'airain, du bois pourri.
Les traits de l'arc ne le font pas fuir :
les pierres de fronde se changent en fétu.
La massue lui semble un fétu,
il se rit du javelot qui vibre.
Il a sous lui des tessons aigus,
comme une herse il passe sur la vase.
Il fait bouillonner le gouffre comme une chaudière,
il change la mer en brûle-parfums.
Il laisse derrière lui un sillage lumineux,
l'abîme semble couvert d'une toison blanche.
Sur terre, il n'a point son pareil,
il a été fait intrépide.
Il regarde en face les plus hautains,
il est roi sur tous les fils de l'orgueil.

La Bible, Ancien Testament, « Livre de Job » (IIe siècle avant J.-C.)


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