mercredi 31 janvier 2018

Médée : les raisons de l'infanticide

EURIPIDE :

Autrement dit, l’infanticide, chez Euripide, s’explique moins par la nature de Médée que par sa situation : « … si l’on bafoue ses droits, les droits de son lit, une femme est capable de se changer en bête féroce » (v. 265-266). Certes elle est passionnée à l’extrême et orgueilleuse, mais elle n’a pas le goût de la destruction de son homologue sénéquéenne. Jason, le premier, a nié les liens qui l’unissaient à Médée et qui seuls donnaient à Médée une existence sociale et affective ; Médée réplique en niant à son tour, par le sang versé, ce qui aurait dû l’unir à Jason. Ainsi les meurtres d’Absyrtos et de Pélias, dont elle se repent, semblent avoir été commis dans une autre vie et cette donnée mythique, ainsi que le final de la pièce (où Médée s’envole, avec les cadavres
de ses fils, dans un char éblouissant prêté par le Soleil) se raccordent tant bien que mal à cette
figure si humaine et si peu monstrueuse. […]

SENEQUE :


Ivre de sang et de vengeance, elle est décrite comme une Ménade sanglante. Le lien entre le
fratricide et l’infanticide est nettement plus marqué.
- Le meurtre des enfants a lieu sur scène, suprême audace de Sénèque qui ne tient pas compte des préceptes de bienséance formulés par Horace dans son Art poétique !

Pierre CORNEILLE


Il a forcé les effets, recherché le spectaculaire : il montre Médée dans une grotte en train d’accomplir ses sortilèges. L’agonie de Créon et de Créuse a lieu sur la scène,et Jason se tue de désespoir, après le meurtre de ses enfants.

THOMAS  CORNEILLE ET CHARPENTIER


Lorsque Jason veut se venger de Médée, il apprend le meurtre de ses fils et la voit s’envoler sur son dragon. Des Démons surgissent de tous côtés, mettent le feu au palais, qui s’effondre.

JEAN ANOUILH


Jason, lui, semble effrayé par la violence et la sensualité débordante de Médée : pour qu’elle l’émeuve, il faut qu’il l’imagine comme une « petite-fille », endormie un soir à table sur son épaule, ou comme son seul compagnon de route, une fois que les Argonautes l’ont, l’un après l’autre, quitté, sachant qu’il ne les mènerait plus vers aucun exploit. La contradiction de Jason est donc que, sans Médée, il ne serait jamais devenu le ravisseur de la Toison d’or, mais qu’avec elle il ne peut être un chef et un héros. C’est pourquoi, lorsque Médée s’est suicidée, à la fin de la pièce, après le meurtre de ses enfants, le rideau tombe sur les appels à l’ordre de Jason, qui peut enfin

prétendre régner.

Apollinaire : biographie

1880 : Naissance à Rome, de père inconnu et d’une mère polonaise de 22 ans, appartenant à une grande famille aristocratique.

Enfance en Italie, sur la Côte d’Azur et à Monaco.

1889 : Installation à Paris. Vie matérielle précaire.
Séjour de trois mois dans les Ardennes belges. Première et brève idylle amoureuse avec une nommée Maria Dubois.

1901 : Précepteur de français d’une fillette de neuf ans, séjour d’un an en Allemagne (Rhénanie). Guillaume tombe amoureux de la miss anglaise de l’enfant, Annie Playden. Voyages en Europe centrale durant lesquels Annie  s’éloigne de lui ce qui provoque son retour à Paris. Il choisit à cette époque son pseudonyme, forgé sur deux de ses prénoms : Guillaume Apollinaire.

1902 : Employé de banque mais s’adonne à de nombreux travaux et rencontres journalistiques et littéraires.

1903 : Premières publications. Part pour Londres dans l’intention de reconquérir Annie.

1904 : Second voyage infructueux en Angleterre. Annie bientôt partie pour l’Amérique lui échappe définitivement. 

1904-1905 : Rencontre et fréquente le peintre Picasso à Paris. Séjours en Belgique et Hollande. Publication de nouveaux poèmes, repris ultérieurement dans Alcools.

1907 : Rencontre Marie Laurencin, peintre à la mode. Leur liaison tumultueuse dure jusqu’en 1912  : « Pont Mirabeau »

1908 : Apollinaire s’engage dans la critique d’art et se range aux côtés des peintres de son temps 

1909 : Publication de nombreux poèmes qui figureront dans « Alcools », notamment « La Chanson du Mal-Aimé » et les poèmes rhénans.

1911 : La Joconde est dérobée au musée du Louvre. Une campagne de presse est déclenchée à propos
des voleurs d’oeuvres d’art. Apollinaire restitue des statuettes du grand musée parisien qu’un ami
indélicat lui avait offertes. Inculpé de recel, le poète est incarcéré pendant six jours. (voir « Zone » et
« À la Santé »)

1912 : Très éprouvé par l’épisode de la prison, Apollinaire l’est davantage encore par la rupture avec
Marie Laurencin.

1913 : Publication d’Alcools

1914 : Incorporation dans l’armée à la veille de ses fiançailles avec Madeleine Pagès. D’abord fasciné par le spectacle de la guerre, il en mesure vite les réalités en tant que fantassin.

1916 : Retour à Paris et à la littérature auprès des jeunes poètes se réclamant de lui (Reverdy, Breton,
Tzara).

1917 : Préparation de ses Calligrammes, poèmes-dessins. Représentation des Mamelles de Tirésias
qu’il baptise « drame surréaliste ».

1918 : Publication de Calligrammes. Mariage avec Jacqueline Kolb (la jolie rousse). Meurt des complications de la grippe espagnole.

mercredi 24 janvier 2018

Séquence : incipit romanesque : Le Roman comique

 Paul Scarron, Le Roman comique, 1651, incipit.

    Le soleil avait achevé plus de la moitié de sa course et son char, ayant attrapé le penchant du monde, roulait plus vite qu'il ne voulait. Si ses chevaux    eussent voulu profiter de la pente du chemin, ils eussent achevé ce qui restait du jour en moins d'un demi-quart d'heure ; mais, au lieu de tirer de toute leur force ils ne s'amusaient qu'à faire    des courbettes, respirant un air marin qui les faisait hennir et les avertissait que la mer était proche, où l'on dit que leur maître se couche toutes les nuits. Pour parler plus humainement et    plus intelligiblement, il était entre cinq et six quand une charrette entra dans les halles du Mans. Cette charrette était attelée de quatre bœufs fort maigres, conduits par une jument    poulinière dont le poulain allait et venait à l'entour de la charrette comme un petit fou qu'il était. La charrette était pleine de coffres, de malles et de gros paquets de toiles peintes qui    faisaient comme une pyramide au haut de laquelle paraissait une demoiselle habillée moitié ville, moitié campagne.
Un jeune homme, aussi pauvre d'habits que riche de mine, marchait à côté de la charrette. Il avait un grand emplâtre sur le visage, qui lui couvrait un œil et    la moitié de la joue, et portait un grand fusil sur son épaule, dont il avait assassiné plusieurs pies, geais et corneilles, qui lui faisaient comme une bandoulière au bas de laquelle pendaient    par les pieds une poule et un oison qui avaient bien la mine d'avoir été pris à la petite guerre . Au lieu de chapeau, il n'avait qu'un bonnet de nuit entortillé de jarretières de différentes    couleurs, et cet habillement de tête était une manière de turban qui n'était encore qu'ébauché et auquel on n'avait pas encore donné la dernière main. Son pourpoint était une casaque de    grisette ceinte avec une courroie, laquelle lui servait aussi à soutenir une épée qui était aussi longue qu'on ne s'en pouvait aider adroitement sans fourchette. Il portait des chausses    troussées à bas d'attache, comme celles des comédiens quand ils représentent un héros de l'Antiquité, et il avait, au lieu de souliers, des brodequins à l'antique que les boues avaient gâtés    jusqu'à la cheville du pied.


Un vieillard vêtu plus régulièrement, quoique très mal, marchait à côté de lui. Il portait sur ses épaules une basse de viole et, parce qu'il se courbait un peu    en marchant, on l'eût pris de loin pour une grosse tortue qui marchait sur les jambes de derrière. Quelque critique murmurera de la comparaison, à cause du peu de proportion qu'il y a d'une    tortue à un homme ; mais j'entends parler des grandes tortues qui se trouvent dans les Indes et, de plus, je m'en sers de ma seule autorité. Retournons à notre caravane.

Séquence : incipit romanesque : La Modification



Michel BUTOR, La Modification (1957), incipit



        Vous avez mis le pied gauche sur la rainure de cuivre, et de votre épaule droite vous essayez en vain de pousser un peu plus le panneau coulissant.
       Vous vous introduisez par l'étroite ouverture en vous frottant contre ses bords, puis, votre valise couverte de granuleux cuir sombre couleur d'épaisse bouteille, votre valise assez petite d'homme  habitué aux longs voyages, vous l'arrachez par sa poignée collante, avec vos doigts qui se sont échauffés, si peu lourde qu'elle soit, de l'avoir portée jusqu'ici, vous la soulevez et vous sentez vos muscles et vos tendons se dessiner non seulement dans vos phalanges, dans votre paume, votre poignet et votre bras, mais dans votre épaule aussi, dans toute la moitié du dos et dans vos vertèbres depuis votre cou jusqu'aux reins.
     Non, ce n'est pas seulement l'heure, à peine matinale, qui est responsable de cette faiblesse inhabituelle, c'est déjà l'âge qui cherche à vous convaincre de sa domination sur votre corps, et pourtant, vous venez seulement d'atteindre les quarante-cinq ans.
     Vos yeux sont mal ouverts, comme voilés de fumée légère, vos paupières sensibles et mal lubrifiées, vos tempes crispées, à la peau tendue et comme raidie en plis minces, vos cheveux qui se  clairsèment et grisonnent, insensiblement pour autrui mais non pour vous, pour Henriette et pour Cécile, ni même pour les enfants désormais, sont un peu hérissés et tout votre corps à l'intérieur de vos habits qui le gênent, le serrent et lui pèsent, est comme baigné, dans son réveil imparfait, d'une eau agitée et gazeuse pleine d'animalcules en suspension. 
       Si vous êtes entré dans ce compartiment, c'est que le coin couloir face à la marche à votre  gauche est libre, cette place même que vous auriez fait demandé par Marnal comme à l'habitude s'il avait été encore temps de retenir, mais non que vous auriez demandé vous-même par téléphone, car il ne fallait pas que quelqu'un sût chez Scabelli que c'était vers Rome que vous vous échappiez pour ces quelques jours.
      Un homme à votre droite, son visage à la hauteur de votre coude, assis en face de cette place où  vous allez vous installer pour ce voyage, un peu plus jeune que vous, quarante ans tout au plus, plus grand que vous, pâle, aux cheveux plus gris que les vôtres, aux yeux clignotants derrière des verres très grossissants, aux mains longues et agitées, aux ongles rongés et brunis de tabac, aux doigts qui se croisent et se décroisent nerveusement dans l'impatience du départ, selon toute vraisemblance le possesseur de cette serviette noire bourrée de dossiers dont vous apercevez quelques coins colorés qui  s'insinuent par une couture défaite, et de livres sans doute ennuyeux, reliés, au-dessus de lui comme un emblème, comme une légende qui n'en est pas moins explicative, ou énigmatique, pour être une chose, une possession et non un mot, posée sur le filet de métal aux trous carrés, et appuyée sur la paroi du corridor, cet homme vous dévisage, agacé par votre immobilité, debout, ses pieds gênés par vos pieds. 

Séquence : incipit romanesque : Voyage au bout de la nuit (1932)

     

Louis-Ferdinand CELINE, Voyage au bout de la nuit (1932), incipit 



       Ça a débuté comme ça. Moi, j'avais jamais rien dit. Rien. C'est Arthur Ganate qui m'a fait parler. Arthur, un étudiant, un carabin lui aussi, un camarade. On se rencontre donc place Clichy. C'était après le déjeuner. Il veut me parler. Je l'écoute. « Restons pas dehors ! qu'il me dit. Rentrons ! » Je rentre avec lui. Voilà. « Cette terrasse, qu'il commence, c'est pour les oeufs à la coque ! Viens par ici ! » Alors, 5 on remarque encore qu'il n'y avait personne dans les rues, à cause de la chaleur ; pas de voitures, rien. Quand il fait très froid, non plus, il n'y a personne dans les rues ; c'est lui, même que je m'en souviens, qui m'avait dit à ce propos : « Les gens de Paris ont l'air toujours d'être occupés, mais en fait, ils se promènent du matin au soir ; la preuve, c'est que lorsqu'il ne fait pas bon à se promener, trop froid ou trop chaud, on ne les voit p lus ; ils sont tous dedans à prendre des cafés crème et des bocks. C'est ainsi ! Siècle de vitesse ! qu'ils disent. Où ça ? Grands changements ! qu'ils racontent. Comment ça ? Rien n'est changé en vérité. Ils continuent à s'admirer et c'est tout. Et ça n'est pas nouveau non plus. Des mots, et encore pas beaucoup, même parmi les mots, qui sont changés ! Deux ou trois par-ci, parlà, des petits... » Bien fiers alors d'avoir fait sonner ces vérités utiles, on est demeurés là assis, ravis, à regarder les dames du café.
     Après, la conversation est revenue sur le Président Poincaré qui s'en allait inaugurer, justement ce matin-là, une exposition de petits chiens ; et puis, de fil en aiguille, sur Le Temps où c'était écrit. " Tiens, voilà un maître journal, Le Temps ! " qu'il me taquine Arthur Ganate, à ce propos. " Y en a pas deux comme lui pour défendre la race française ! - Elle en a bien besoin la race française, vu qu'elle n'existe pas ! " que j'ai répondu moi pour montrer que j'étais documenté, et du tac au tac
 - Si donc ! qu'il y en a une ! Et une belle de race ! qu'il insistait lui, et même que c'est la plus belle race du monde, et bien cocu qui s'en dédit ! Et puis, le voilà parti à m'engueuler. J'ai tenu ferme bien entendu. - C'est pas vrai ! La race, ce que t'appelles comme ça, c'est seulement ce grand ramassis de miteux dans mon genre, chassieux, puceux, transis, qui ont échoué ici poursuivis par la faim, la peste, les tumeurs et le froid, venus vaincus des quatre coins du monde. Ils ne pouvaient pas aller plus loin à  cause de la mer. C'est ça la France et puis c'est ça les Français.
- Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal !...
 - T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison ! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien ! Tu peux le dire ! Nous ne changeons pas ! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni 30 d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres ! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède ! Quand on est pas sages, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie...
- Il y a l'amour, Bardamu !
- Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi ! que je lui réponds. - Parlons-en de toi ! T'es un anarchiste et puis voilà tout ! Un petit malin, dans tous les cas, vous voyez ça d'ici, et tout ce qu'il y avait d'avancé dans les opinions.
- Tu l'as dit, bouffi, que je suis anarchiste ! Et la preuve la meilleure, c'est que j'ai composé une manière 40 de prière vengeresse et sociale dont tu vas me dire tout de suite des nouvelles : LES AILES EN OR ! C'est le titre !... Et je lui récite alors :
Un Dieu qui compte les minutes et les sous, un Dieu désespéré, sensuel et grognon comme un cochon. Un cochon avec des ailes en or qui retombe partout, le ventre en l'air, prêt aux caresses, c'est lui, c'est notre maître. Embrassons-nous !
- Ton petit morceau ne tient pas devant la vie, j'en suis, moi, pour l'ordre établi et je n'aime pas la politique. Et d'ailleurs le jour où la patrie me demandera de verser mon sang pour elle, elle me trouvera moi bien sûr, et pas fainéant, prêt à le donner.
 Voilà ce qu'il m'a répondu. 

Séquence : incipit romanesque : Jacques le fataliste

Diderot(1735-1784), Jacques le fataliste, Incipit

 Comment s'étaient-ils rencontrés ? Par hasard, comme tout le monde. Comment s'appelaient-ils ? Que vous importe ? D'où venaient-ils ? Du lieu le plus prochain. Où allaient-ils ? Est-ce que l'on sait où l'on va ? Que disaient-ils ? Le maître ne disait rien; et Jacques disait que son capitaine disait que tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. 5 LE MAÎTRE: C'est un grand mot que cela.
JACQUES: Mon capitaine ajoutait que chaque balle qui partait d'un fusil avait son billet. LE MAÎTRE: Et il avait raison... Après une courte pause, Jacques s'écria: Que le diable emporte le cabaretier et son cabaret !
 LE MAÎTRE: Pourquoi donner au diable son prochain ? Cela n'est pas chrétien.
 JACQUES: C'est que, tandis que je m'enivre de son mauvais vin, j'oublie de mener nos chevaux à l'abreuvoir. Mon père s'en aperçoit ; il se fâche. Je hoche de la tête; il prend un bâton et m'en frotte un peu durement les épaules. Un régiment passait pour aller au camp devant Fontenoy; de dépit je m'enrôle. Nous arrivons; la bataille se donne.
LE MAÎTRE: Et tu reçois la balle à ton adresse.
JACQUES: Vous l'avez deviné; un coup de feu au genou; et Dieu sait les bonnes et mauvaises aventures amenées par ce coup de feu. Elles se tiennent ni plus ni moins que les chaînons d'une gourmette. Sans ce coup de feu, par exemple, je crois que je n'aurais été amoureux de ma vie, ni boiteux.
LE MAÎTRE: Tu as donc été amoureux ?
JACQUES: Si je l'ai été!
LE MAÎTRE: Et cela par un coup de feu ?
JACQUES: Par un coup de feu.
LE MAÎTRE: Tu ne m'en as jamais dit un mot.
JACQUES: Je le crois bien. LE MAÎTRE: Et pourquoi cela ?
JACQUES: C'est que cela ne pouvait être dit ni plus tôt ni plus tard.
LE MAÎTRE: Et le moment d'apprendre ces amours est-il venu ?
JACQUES: Qui le sait ?
LE MAÎTRE: A tout hasard, commence toujours...
Jacques commença l'histoire de ses amours. C'était l'après-dîner: il faisait un temps lourd; son maître  s'endormit. La nuit les surprit au milieu des champs; les voilà fourvoyés. Voilà le maître dans une colère terrible et tombant à grands coups de fouet sur son valet, et le pauvre diable disant à chaque coup : « Celui-là était apparemment encore écrit là-haut... » Vous voyez, lecteur, que je suis en beau chemin, et qu'il ne tiendrait qu'à moi de vous faire attendre un an, deux ans, trois ans, le récit des amours de Jacques, en le séparant de son maître et en leur faisant courir à chacun tous les hasards qu'il me plairait. Qu'est-ce qui m'empêcherait de marier le maître et de le faire cocu ? d'embarquer Jacques pour les îles ? d'y conduire son maître ? de les ramener tous les deux en France sur le même vaisseau ? Qu'il est facile de faire des contes ! Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai.

Séquence : incipit romanesque : La Princesse de Clèves

 Madame de LAFAYETTE, La Princesse de Clèves (1678),
première partie « Le portrait de Mlle de Chartre » 


          Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l'avait laissée sous la conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la  vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l'éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures  de l'amour ; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d'un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d'une honnête femme, et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance. Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s'attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée. Cette héritière était alors un des grands partis qu'il y eût en France ; et quoiqu'elle fût dans une extrême jeunesse, l'on avait déjà proposé plusieurs mariages. Madame de Chartres, qui était extrêmement glorieuse, ne trouvait presque rien digne de sa fille ; la voyant dans sa seizième année, elle voulut la mener à la cour. Lorsqu'elle  arriva, le vidame alla au-devant d'elle ; il fut surpris de la grande beauté de mademoiselle de Chartres, et il en fut surpris avec raison. La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l'on n'a jamais vu qu'à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes. Le lendemain qu'elle fut arrivée, elle alla pour assortir des pierreries chez un Italien qui en trafiquait par tout le monde. Cet homme était venu de Florence avec la reine, et s'était tellement enrichi dans son trafic, que sa  maison paraissait plutôt celle d'un grand seigneur que d'un marchand. Comme elle y était, le prince de Clèves y arriva. Il fut tellement surpris de sa beauté, qu'il ne put cacher sa surprise ; et mademoiselle de Chartres ne put s'empêcher de rougir en voyant l'étonnement qu'elle lui avait donné. Elle se remit néanmoins, sans témoigner d'autre attention aux actions de ce prince que celle que la civilité lui devait donner pour un homme tel qu'il paraissait. Monsieur de Clèves la regardait avec admiration, et il ne pouvait comprendre qui était cette belle  personne qu'il ne connaissait point. Il voyait bien par son air, et par tout ce qui était à sa suite, qu'elle devait être d'une grande qualité. Sa jeunesse lui faisait croire que c'était une fille ; mais ne lui voyant point de mère, et l'Italien qui ne la connaissait point l'appelant madame, il ne savait que penser, et il la regardait toujours avec étonnement. Il s'aperçut que ses regards l'embarrassaient, contre l'ordinaire des jeunes personnes qui voient toujours avec plaisir l'effet de leur beauté ; il lui parut même qu'il était cause qu'elle avait de l'impatience de s'en aller, et en effet elle  sortit assez promptement. Monsieur de Clèves se consola de la perdre de vue, dans l'espérance de savoir qui elle était ; mais il fut bien surpris quand il sut qu'on ne la connaissait point. Il demeura si touché de sa beauté, et de l'air modeste qu'il avait remarqué dans ses actions, qu'on peut dire qu'il conçut pour elle dès ce moment une passion et une estime extraordinaires. Il alla le soir chez Madame, sœur du roi.

Séquence : Incipit romanesque : fiche présentation

Séquence I / Groupement de textes N°1

Objet d'étude
 Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours
Problématique

Objectifs

Lectures analytiques

Textes complémentaires

Iconographie

Activité de classe

dimanche 21 janvier 2018

Registre littéraire : le lyrisme ou registre lyrique et le registre élégiaque

Le registre lyrique


Le registre lyrique répond à TROIS conditions :


1) présence du poète par le "je"
2) manifestation des affects : émotions, sentiments, etc.
3) musicalité du poème : allitération (répétition de consonnes), assonance (répétition de voyelles), rimes, etc.

"Le lyrisme fait entendre une voix qui livre des émotions. Il est par excellence le registre du discours amoureux : l'intensité du lyrisme, qui donne à l'expression un rayonnement particulier, permet de communiquer la douceur ou la véhémence des sentiments, notamment dans les textes poétiques"                                                                                                             Français méthodes et pratiques Bordas

Thèmes lyriques :

*la vie amoureuse avec les beauté et les tourments de la pssion
*la fuite du temps, échec de l'existence, la mort et ses arrachements
*l'amour de la patrie, la nostalgie du pays natal ( Heureux qui comme Ulysse ..)
*la beauté sublime de la nature ou le sentiment religieux


Le registre élégiaque ou élégie

"C'est une variété du registre lyrique, dont on le distingue quelquefois. il se caractérise par une tonalité tendre et plaintive et par une écriture de la nostalgie et du regret. les textes élégiaque sont marqués par une douce mélancolie qui ne va pas cependant jusqu'au désespoir."
                                                                                                       Français méthodes et pratiques Bordas


Humanisme

 L’HUMANISME ?

Les auteurs de l'Humanisme :



I INTRODUCTION
Les sens du mot « humanisme »
  1. philosophie qui met l’homme et les valeurs humaines au-dessus de tout
  2. mouvement intellectuel de la Renaissance, né en Italie au XIVème siècle, qui s’étend progressivement en Europe et s’épanouit au XVIème siècle. Il est marqué par un retour aux textes antiques qui servirent de modèle de vie, d’écriture et de pensé. Principaux représentants :François Rabelais, Michel de Montaigne et les poètes : Ronsard et Du Bellay
  3. conception philosophique pour laquelle l’homme constitue la valeur suprême ou encore une fin et non un moyen.

La notion d’humanisme est inséparable pour nous de l’idée d’un progrès considérable.
L’humanisme fait de l’homme lui-même l’objet de sa recherche. Il exalte l’aptitude de l’homme, centre et image du monde, à se connaître lui-même, à maîtriser le monde et à comprendre Dieu à travers ses créations.
L’humanisme considère tout homme comme digne de respect, il défend l’intégrité humaine contre les fanatismes ou tyrannies qui la menacent. Il reconnaît même la nature humaine chez le « sauvage » du Nouveau monde à qui les conquérants européens étaient tentés de nier toute âme.

Chez les Romains, « humanitas » désigne tte chose élevant l’homme à une place à part parmi les autres êtres vivants. Durant le Moyen-Age, on parle de « humaniores litterae » ou « lettres humaines » (= ensemble des connaissances profanes, enseignées ds les facultés des arts) qui s’opposent aux « diviniores litterae » (= lettres divines, enseignées ds les facultés de théologie, qui commentent la Bible)
Au XVIème s., les « lettres humaines » sont : les principales disciplines enseignées au MA + les études des textes antiques. Ceux qui s’intéressent à ces lettres humaines sont appelés des humanistes.
Pour les humanistes, l’homme est placé au centre de tte question. S’appuyqnt sur la sagesse des auteurs antiques, ils souhaitent bâtir une société différente, ils désirent atteindre la perfection, que ce soit dans le domaine humain, moral ou dans le domaine artistique. Le support de ce changement est constitué par les textes antiques et non plus par les écritures saintes, comme c’était le cas au MA.
Personnes à l’origine de ce bouillonnement : Erasme, Guillaume Budé, Jacques Lefèvre d’Etaples, Pic de la Mirandole, Ficin, la famille Estienne.

II LA NAISSANCE DE L’HUMANISME
La représentation que l’homme se fait du monde change radicalement au XVIème siècle

1/ Les grandes découvertes
  • Les voyages : Chistophe Colomb découvre l’Amérique en 1492Dès la découverte de l’Amérique, en 1492, par le Génois Christophe Colomb, les puissances ibériques parviennent à prendre possession de ce territoire, qui prend rapidement le nom de Nouveau Monde. En 1494, le pape Alexandre VI (1492-1503) Farnèse signe, avec l’Espagne et son voisin lusitanien, le traité de Tordesillas, par lequel il affirme que la péninsule ibérique, de par le testament d’Adam3, se voit octroyer la possession des terres découvertes et à découvrir. Par ce texte, seuls l’Espagne et le Portugal se voient autorisés, par décision de la papauté, à se lancer dans la course à la découverte par l’océan, puis, par extension, à la conquête des terres d’Amérique, excluant de fait les autres puissances européennes. Auparavant, la papauté avait déjà permis à l’Espagne, par la Bulle In Caetera (4 mai 1493), de jouer un rôle fondamental dans la prise de possession des terres nouvelles car « ces rois vraiment catholiques



  •   ; en 1497 : Vasco de Gama ouvre la voie des Indes et Cabot découvre le Labrador ; 1519-1522 : Magellan fait pour la première fois le tour du monde . : la rotondité de la Terre devient une réalité.


  • Copernic bouleverse la représentation du monde en affirmant que la Terre tourne autour du Soleil.
  • Développement de la médecine et de l’anatomie : la connaissance du corps humain progresse énormément également. L’homme appartient à la nature, bien connaître son corps participe de l’étude du monde.

2/ L’invention de l’imprimerie
L’invention de l’imprimerie en 1443 par Gutenberg (Allemagne) permet de diffuser les livres en de nombreux exemplaires (alors qu’ils étaient auparavant recopiés à la main) : large diffusion des nouvelles connaissances.

En une génération, l’espace et le temps ont totalement changé de valeur et de mesure
Le brusque élargissement du monde extérieur provoque une profonde transformation du monde psychique. Tout ce qui était certain devient douteux. Les campagnes s’appauvrissent, le commerce devient prodigieusement florissant grâce à la navigation, la civilisation urbaine se développe. C’est en même temps un bouleversement social.
Même le sentiment religieux est touché en cette ère de transition. Jusqu’à présent, l’Europe est sous le joug de l’Eglise qui brandit la menace de l’excommunication lorsqu’on lui résiste. A côté des conquistadores des mers, ceux de l’esprit se questionnent. L’attitude humble et suppliante de l’homme face à Dieu fait place au sentiment de sa valeur personnelle, il se sent le centre du monde, il ressent un sentiment de puissance et de griserie nommé « renaissance ». A côté de l’Eglise, se dresse la science. Des universités surgissent dst te l’Europe.

3/ Conditions historiques favorables
  • En 1453, les Turcs envahissent Constantinople et de nombreux Grecs s’enfuient pour se réfugier en Italie, emportant avec eux des manuscrits ds leur langue d’origine., leur langue, leur culture. Au lieu de lire des traductions latines, on lit les tx grecs originaux. Ces textes seront traduits et découverts grâce aux progrès de l’imprimerie

  • Les guerres d’Italie menées par François 1er



  • vont mettre les Français en contact avec la culture et la civilisation italiennes, la Renaissance italienne ayant déjà eu lieu au XVème siècle (Quattrocento) François 1er fait venir d’Italie savants et artistes et l’élite de la société française s’ouvre à la peinture et à la littérature italienne. Il veut concurrencer la renaissance italienne. Il crée le Collège royal où sont enseignés le latin, l’hébreu et le grec. Invention de « dépôt légal » : il faut un « privilège royal » pour éditer un livre puis en déposer in exemplaire à la bibliothèque royale.

III.LES IDEES HUMANISTES

1/ Le renouveau de la pensée religieuse
  • La redécouverte de La Bible et des Pères de l’Eglise entraîne un mouvement de profonde rénovation religieuse. Pour le courant évangéliste, dont étaient proches Erasme et Rabelais, chacun doit lire et méditer directement les Ecritures. La prière individuelle se libère des dogmes et des liturgies imposées.
Les humanistes ne rejettent pas la foi chrétienne mais cherchent à la vivre de façon plus personnelle, plus exigeante, plus authentique.

  • Naissance de la Réforme
Un courant naît dans l’Eglise, impulsé par Luther, puis Calvin qui conteste, au nom même de la foi et des Ecritures l’autorité de l’Eglise catholique, ses sacrements, ses structures. Mais le protestantisme s’éloigne ensuite de l’humanisme, parce qu’il rejette le libre arbitre.

2/ La Renaissance artistique
Le Quattrocento italien a précédé la renaissance française, la peinture modifie la représentation du portrait et de l’espace. François 1er fait venir en France de grands artistes comme Léonard de Vinci.
Ce renouveau se manifeste ds la sculpture qui s’inspire des modèles grecs, et surtoput ds l’architecture et la décoration des châteaux dont la fonction défensive s’efface au profit de l’élégance esthétique : ce sont les châteaux de la Loire : Azay-le(Rideau, Chambord, Chenonceaux. : décors d’une vie raffinée et emblème de la puissance royale.

3/ La diversité des tendances littéraires
  • Début du siècle, les œuvres sont encore influencées par les goûts du Moyen-Age Rabelais : 








  • A partir de 1540-1550, tendances nouvelles :
Ordonnance de Villers-Cotterêts (1539) fait du français la langue officielle. C’est à partir de ce moment que s’instaurent les grands genres qui vont caractériser la littérature française.

- MARGUERITE DE NAVARRE : l’Heptaméron, nouvelles a pour modèle les dix journées du Décaméron de Boccace, texte traduit en France dès 1414.Mais, interrompu en 1549 par la mort de Marguerite, l’Heptaméron ne rassemble que 72 nouvelles se déroulant en sept journées. Comme dans l’ouvrage de Boccace, les nouvelles s’inscrivent dans une histoire-cadre. Dix voyageurs sont réunis dans une abbaye, alors qu’un violent orage a coupé toute communication. Pour passer le temps, cette société écoute des histoires vraies dans des registres divers. La réussite de cet ouvrage tient au fait qu’il privilégie aussi la conversation, car chaque nouvelle est suivie des commentaires tenus par l’ensemble des auditeurs.
- MONTAIGNE utilise la prose dans les Essais pour dire son expérience d’homme en toute liberté.

  • La Pléiade et le tournant de la poésie
La Pléiade est composée d’un groupe de 7 poètes, 
dont RONSARD

et  DU BELLAY, 


qui veulent rompre avec l’héritage du Moyen-Age pour faire renaître la forme et l’esprit des genres de l’Antiquité dans une langue poétique renouvelée. Dans Défense et illustration de la langue française (1549), véritable manifeste du groupe, Du Bellay soutient que l’imitation des Anciens nourrit la créativité. Leurs plus belles réussites seront dans le lyrisme amoureux. ( Les Amours de Cassandre de RONSARD, où le poète chante son amour pour Cassandre, qui se mariera un an plus tard)
IV. LA DESILLUSION HUMANISTE
François 1er se montre d’abord tolérant à l’égard des idées religieuses nouvelles de la Réforme. Mais en 1534, l’affaire des Placards le fait changer d’attitude.
(L'affaire des Placards fait référence à un événement historique de la Renaissance. Les placards dont il est question étaient des écrits injurieux et séditieux qui ont été affichés dans les rues de Paris et dans diverses villes du royaume (Tours, Orléans) dans la nuit du 17 au 18 octobre 1534. Ces affiches ont été placardées jusque sur la porte de la chambre royale de François Ier au château d'Amboise ce qui constituait un affront envers la personne même du roi et sa foi. Ces placards étaient intitulés "Articles véritables sur les horribles, grands et insupportables abus de la messe papale, inventée directement contre la Sainte Cène de notre Seigneur, seul médiateur et seul Sauveur Jésus-Christ". Ce titre évocateur est en fait une attaque directe envers l'Eucharistie.
L'auteur était Antoine Marcourt, pasteur d'origine picarde de Neuchâtel. En réponse, François Ier confessa ouvertement sa foi catholique et déclencha la persécution et l'exil de nombreux protestants (départ de Jean Calvin pour la Suisse).)
La guerre entre protestants et catholiques sera meurtrière, alternant avec des périodes de calme éphémère. 1572 : le massacre de la Saint-Barthélemy, décidé par Catherine de Médicis, élimine de nombreux chefs protestants.
La guerre prend fin avec l’avènement d’Henri IV (1589), protestant converti au catholicisme qui accordera la liberté de culte aux protestants par l’Edit de Nantes en 1598.
Les horreurs de la guerre civile auront opposé un cruel démenti aux espoirs humanistes du début du siècle.
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Définition de Mme de la Croix :

L’humanisme est un courant culturel européen qui s'est développé à la Renaissance. Renouant avec la civilisation gréco-latine, les intellectuels de l'époque manifestent un vif appétit de savoir (philologienotamment). Considérant que l’Homme est en possession de capacités intellectuelles potentiellement illimitées, ils considèrent la quête du savoir et la maîtrise des diverses disciplines comme nécessaires au bon usage de ces facultés. Ils prônent la vulgarisation de tous les savoirs, même religieux : la parole divine doit être accessible à toute personne, quelles que soient ses origines ou sa langue (traduction de la Bible en langue vernaculaire par Érasme en 1516).
Ainsi, cet humanisme vise à diffuser plus clairement le patrimoine culturel, y compris le message religieux. Cependant l’individu, correctement instruit, reste libre et pleinement responsable de ses actes dans la croyance de son choix. Les notions de liberté (ce que l'on appelle le « libre arbitre »), de tolérance, d’indépendance, d’ouverture et de curiosité sont de ce fait indissociables de la théorie humaniste classique.
Par extension, on désigne par « humanisme » toute pensée qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l'être humain. Une vaste catégorie de philosophies portant sur l'éthique affirme la dignité et la valeur de tous les individus, fondée sur la capacité de déterminer le bien et le mal par le recours à des qualités humaines universelles, en particulier la rationalité