lundi 2 octobre 2017

Séquence 2 Comment les poètes traduisent la fuite du temps, texte complémentaire : "Quand vous serez bien vieille"


Pierre de Ronsard, « Quand vous serez bien vieille »,


Sonnet pour Hélène (1578)



1 Quand vous serez bien vieille, au soir à la chandelle,

2    Assise auprès du feu, dévidant et filant,


3    Direz chantant mes vers, en vous émerveillant :


4   "Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle."




5   Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,


6   Déjà sous le labeur à demi sommeillant,


7   Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,


8   Bénissant votre nom de louange immortelle.




9   Je serai sous la terre, et fantôme sans os


10  Par les ombres myrteux je prendrai mon repos ;


11  Vous serez au foyer une vieille accroupie,




12  Regrettant mon amour et votre fier dédain.


13  Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :


14  Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Sonnet pour Hélène (1578) : Recueil dans lequel le poète loue la beauté de la jeune Hélène de Surgères, il comprend 115 poèmes dont 4 sonnets.

dévidant et filant,Référence à la mythologie grecque : les Parques sont les divinités maîtresses de la destinée humaine, de la naissance à la mort. Elles sont généralement représentées comme filant le fil de la vie des hommes et tranchant leur destin

les ombres myrteux Référence à la mythologie grecque : dans les Enfers, lieu où sont accueillis les couples amoureux.

Cueillez : Référence à la philosophie épicurienne (Horace : "Carpe Diem", ou "cueille le jour")


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire